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Saint-Pierre et Miquelon
Je m'appelle Jean-Pierre Detcheverry. Je suis né à Miquelon et dans mon ascendance, y a des Acadiens, des Basques. Dans les Acadiens, y a des Cormier, des Poirier, des Vigneau. Un jour quelqu'un m'a dit : « Mais - puisque je m'intéresse beaucoup à l'histoire et généalogie. » Et puis souvent, on dit : « Mais qu'est-ce que tu racontes? Un jour tu te dis Basque, le lendemain tu te dis Acadien! » J'dis : « Oui! » Et en plus, je suis Miquelonais parce que mes ancêtres Detcheverry par exemple y sont partis de Saint-Jean-de-Luz et sont établis en Acadie. Et après quelques décennies, ils étaient Acadiens. Ensuite, ils ont été déportés à Miquelon, sont devenus Miquelonais. Mais on a le droit de se, de se dire de plusieurs origines. Tous les Acadiens finalement sont venus de Vendée aussi, donc on a une richesse à exploiter. Souvent ce qu'on sait pas au niveau de l'histoire acadienne en général, les historiens l'ont souvent oublié, c'est que les Acadiens réfugiés à Miquelon ont subi d'autres déportations tout aussi cruelles que celles de Grand-Pré, et ça, ça souvent été passé sous le silence et ça été très cruel quoi parce que en 1778, la guerre a éclaté entre la France et l'Angleterre. Les Acadiens ont été déportés dans des conditions terribles vers la France et derrière eux, on a comme à Grand Pré on a tout brûlé, on a tout, tout saccagé parce que il ne devait pas y avoir d'habitations sédentaires et quelques années après, j'crois c'est en 80 si je me souviens, ils ont été autorisés à revenir à Saint-Pierre et Miquelon. Ils sont revenus et ils ont commencé à tout reconstruire, et en 1793, quand les effets de la Révolution française se faisaient sentir, les gens ont été à nouveau déportés vers la France et là, les Anglais se sont servis de leurs habitations pour leurs pêcheurs et cette déportation a duré presque 20 ans. Les Detcheverry, par exemple, l'autre déportation a été, Geneviève [Lafar], la femme de Pierre Detcheverry, a été hébergée au couvent de Chartreux à Bordeaux dans des misères pas possibles. Son mari était décédé ici en 1773 et les enfants et Geneviève [Lafar] sont revenus en 1816, presque 20 ans après. Ça peut paraître quand même invraisemblable que après près de 20 ans de déportation, ils ont encore envie de revenir ici. Y avait quelque chose qui les attirait, je pense une certaine liberté, certain, certain, quelque chose qu'ils trouvaient pas ailleurs. Comme vous savez les Acadiens ont été alliés des Mi'kmaq, c'est ce qui a fait aussi le, qui les a aidé à passer les premiers hivers à trouver des remèdes, à combattre les [dangers] et puis ces Mi'kmaq, dès le moment où les Acadiens ont été déportés, eux étaient cachés dans les bois et y vivaient, y changeaient de territoire et eux sont trouvés confrontés aux Anglais, mais seuls là, puisque les Acadiens étaient partis, donc y se sont réfugiés où ils ont pu. Ils ont eu aussi de gros problèmes. Et y a une communauté qui s'est établie sur la côte de Terre-Neuve ici, à Quinn River, et sont maintenant dans une réserve, une réserve assez restreinte d'ailleurs et y a quelques années on avait parlé avec le chef Mi'kmaq et lui se souvenait de mémoire de ses grands-parents que son grand-père lui disait : « Si tu veux te sauver des maudits Anglais, c'est à Miquelon où y faut aller. » Et nous, on a trouvé pas mal de documentation dans des registres. Y avait un curé à l'époque qui s'appelle le père Paradis, c'était prédestiné, et qui, qui lui notait un tas de choses dans les registres, y notait des choses qui n'avaient même pas lieu d'être, parce que les registres doivent compter des termes un peu spécifiques quoi, et lui mettait un tas de choses et aujourd'hui c'est une source de renseignements incroyable pour les chercheurs, les historiens, quoi. Et justement le chef Mi'kmaq avait idée lui de venir faire la traversée entre Quinn River et Miquelon comme le faisaient ses ancêtres, reconstituer le parcours. Donc on a sauté sur l'occasion et puis on a tout fait autour de ça une pièce de théâtre d'ailleurs qui a été présentée lors de ces festivités et eux ont traversé en canoë d'époque en écorce de bouleau et ils ont monté un camp ici pour toute une fin de semaine. Ça été une expérience terrible.
| Titre : | Saint-Pierre et Miquelon |
| Description : | Jean-Pierre Detcheverry parle des déportations subies par ses ancêtres en raison des nombreux conflits entre la France et la Grande-Bretagne. |
| Sujets : | villages |
| Source : | Connections Productions |
| Langue : | français |
| Date : | 2007-02-19 |
| Créateur : | Connections Productions |










