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Françoise LeBorgne de Belle-Isle Robichaud (1716-1784)

Née à Port-Royal, Françoise Le Borgne de Belle-Isle est la fille d’Alexandre LeBorgne de Belle-Isle, entrepreneur acadien, et la petite-fille du baron Jean-Vincent d’Abbadie de Saint-Castin, capitaine des Sauvages de la rivière Pentagouët. C’est en 1737 qu’elle épouse Pierre Robichaud, avec qui elle a huit enfants.

Active dans la lutte que se livrent les Français et les Britanniques en territoire acadien au milieu du XVIIIe siècle, il semble que Françoise Le Borgne Robichaud ait tenté le jeu de la double alliance, portant son allégeance d’abord à sa mère patrie, puis à la couronne anglaise. En effet, lorsque les Français tentent de reconquérir l’Acadie anglaise en 1744, Françoise, agissant pour le compte de son père, fait passer 78 Malécites de la rivière Saint-Jean jusqu’aux Mines, venant ainsi en aide au commandant François Du Pont Duvivier dans son expédition contre Annapolis Royal.

En 1758, sa famille et elle doivent quitter l’établissement Robichaud, puisque leur lieu de résidence est incendié par les troupes de Robert Monckton, qui mène une offensive sur la rivière Saint-Jean. C’est vraisemblablement à ce moment que Françoise Le Borgne de Belle-Isle Robichaud vient en aide aux Anglais. Il semble en effet qu’elle se soit adonnée à un commerce d’informations militaires à la faveur des Britanniques. Selon les écrits du gouverneur Murray, elle aurait averti en 1760 le commandant du fort anglais Frederick (sis à Saint-Jean), que les Acadiens, sous les instructions de Beausoleil Broussard, s’apprêtaient à prendre d’assaut l’entrepôt d’armes de la garnison. Rencontrant Murray à Québec, elle prétend que grâce à cette trahison, elle a obligé les Acadiens à ajourner leur entreprise, information que Murray transmet ensuite au général Amherst à New York. Françoise Le Borgne de Belle-Isle Robichaud termine sa vie à l’Islet, où elle s’installe en 1761.