Axe 1 : édition 5
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Abbé Jean-Mandé Sigogne (1763-1844) ![]() Né en France et aîné de sa famille, Jean-Mandé Sigogne reçoit dès l’enfance une solide éducation qui le mènera à la prêtrise en 1787. Sigogne est vicaire depuis quatre ans lorsque, suite à la Révolution, il se voit obligé de prêter serment à la Constitution civile du clergé. Ayant refusé et se sentant menacé, il quitte l’année suivante la France pour l’Angleterre, où il demeure jusqu’en 1799. C’est alors qu’il est appointé en Nouvelle-Écosse pour pallier au manque de prêtres francophones auprès des Acadiens. Encouragé par l’évêque de Québec, Mgr Pierre Denaut, l’Abbé Sigogne débarque à Halifax le 12 juin 1799. James Jones, supérieur des missions de la Nouvelle-Écosse, lui confie alors la paroisse de Sainte-Anne-du-Ruisseau, au sud de la Nouvelle-Écosse, et, à une cinquantaine de milles plus loin au nord, celle de Sainte-Marie, où il passe la majeure partie de sa vie. Dans ces contrées lointaines où s’étaient réinstallées des familles acadiennes après les événements de 1755, il constate que quelques années ont suffi pour que la population, pauvre et sans trop de secours ecclésiastique, perde tout le lustre moral et spirituel que lui avait permis de gagner la religion catholique. Il s’attelle donc à la tâche, administrant des baptêmes, bénissant des unions, reprenant l’enseignement du catéchisme, et surtout, faisant construire des églises dans les différents villages qui se formaient au fur et à mesure de l’augmentation de la population. Jean-Mandé Sigogne témoigne jusqu’à la fin de sa vie des Acadiens comme des « gens difficiles à contenter et querelleurs », et il est à maintes reprises la cible de critiques qui lui font songer à regagner la France. Même ses supérieurs, qui connaissent sa nature extrêmement rigide, lui reprochent parfois ses excès et l’invitent à la modération. C’est que Sigogne, en plus de mener la vie spirituelle de ses ouailles, fait partie de leur vie sociale, politique, voire même économique, bref, il est de leur vie quotidienne. Raffiné et très instruit, il sait aussi parler couramment l’anglais, ce qui fait de lui un des seuls, sinon le seul, à pouvoir défendre les intérêts des Acadiens de la baie Sainte-Marie, notamment en rédigeant en leur nom différents actes officiels, comme des testaments et autres documents juridiques. De 1806 à 1841, il est même nommé juge de paix dans ce district. Homme d’une spiritualité profonde, Sigogne est victime, en 1844, d’une attaque de paralysie en pleine célébration eucharistique. Il meurt quelques jours plus tard, après 44 ans de ministère passés auprès des Acadiens de la Nouvelle-Écosse. |