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Abbé Jean-Louis Le Loutre (1709-1772)



Dès son arrivée en Acadie, en 1738, l’abbé Le Loutre se voit confier la mission de Shubenacadie. Il travaillera sans relâche pour la cause de la France en Acadie et ce, quitte à être fait prisonnier par les Anglais en 1755. Ses actions politiques, calquées sur celles de la France, l’amèneront à fonder ses espoirs de reconquête du territoire sur deux peuples : les Amérindiens et les Acadiens.

Chargé d’évangéliser les Mi’kmaqs, il devient rapidement influent et utilise d’ailleurs ce pouvoir à la faveur de la guerre de 1744, alors qu’il encourage les Amérindiens à se soulever contre les Britanniques. Lorsque Louisbourg est capturé par les Anglais l’année suivante, l’abbé Le Loutre se réfugie au Canada où il est informé des stratégies de reconquête de l’Acadie par les Français. De retour en Acadie, il sert d’intermédiaire entre la troupe française du duc d’Anville (à la baie de Chignectou) et la troupe canadienne de Jean-Baptiste-Nicolas-Roch de Ramezay (à Beaubassin). L’expédition a toutefois avorté et Le Loutre repart en France.

Le Loutre effectue un retour en territoire acadien en 1749, lorsque Louisbourg est restituée à la France, et s’installe alors en mission à Pointe-à-Beauséjour (près de l’actuel Sackville), territoire que la France et l’Angleterre prétendent toutes deux détenir en vertu du traité d’Utrecht de 1713. Le Loutre poursuit son action religieuse et son rôle politique auprès des Amérindiens et des Acadiens. D’ailleurs, il encourage fortement les Acadiens installés en territoires anglais à aménager dans les régions françaises. De plus, lorsque certains Acadiens veulent prêter le serment d’allégeance à la couronne britannique, il les menace d'excommunication et de représailles mi’kmaques. Par contre, il leur promet aussi des terres et des compensations matérielles s’ils obéissent, promesses qu’il a du mal à tenir…

Recherché par les Anglais depuis 1744, il se réfugie à Québec mais les Britanniques capturent le navire qui le transporte vers la France en 1755. Il est fait prisonnier sous prétexte de ses actions en Acadie et de son influence. Relâché huit ans plus tard, lors de la signature du traité de Paris, il continue sa mission auprès des Acadiens en France, s’occupant activement des déportés.