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Pascal Poirier, demanderont la fin de ces débats. L'Acadie cesse de paraître en juin 1904, ce qui permet à Landry de transférer l'Évangéline à Moncton, sans avoir à "céder la place à l'ennemi 39".

L'Évangéline

Originaire de la péninsule acadienne, Valentin Landry 40 vient de quitter le Courrier des provinces Maritimes lorsqu'il fonde l'Évangéline. Il s'établit en Nouvelle-Écosse parce que le Nouveau-Brunswick a déjà deux hebdomadaires de langue française et que son installation à Moncton ne serait pas bien accueillie par le Moniteur. Par ailleurs, il connaît la Nouvelle-Écosse pour avoir fréquenté l'école normale de Truro et épousé une Néo-Écossaise anglophone, Anne Beckwick, fille du député de King à l'Assemblée législative de Halifax 41. En présentant son journal, le 23 novembre 1887, l'éditeur-propriétaire explique que, puisque le Nouveau-Brunswick avec une population acadienne de quelque 50000 a deux journaux, la Nouvelle-Écosse, avec 41000 mérite au moins un journal. Il mentionne également que les 10000 Acadiens de l'Île-du-Prince-Édouard n'ont pas encore de journal, signe qu'il lorgne aussi de ce côté pour y recruter des lecteurs. Cette intention n'est pas étrangère au choix de la petite ville anglophone de Digby, choix qu'il justifie par la facilité de communication par voies ferrées et maritimes avec les provinces voisines. Il évoque aussi une raison sentimentale, la proximité des ruines de Port-Royal, berceau de l'Acadie 42. C'est sans doute pour la même raison qu'il choisit d'appeler son journal l'Évangéline, du nom de l'héroïne mythique acadienne de Grand-Pré.

Dans son programme, Landry affirme que "l'Évangéline s'occupera de toutes les questions d'un ordre quelconque qui intéressent les Acadiens de la Nouvelle-Écosse et généralement de partout". Il promet de faire connaître ses opinions sur toute question politique avec franchise et courage. Dans la même édition, le message publié en anglais et signé Alpha, présente de façon plus développée et quelque peu différente les objectifs du journal comme étant: "to weld together into an harmonious whole, by enabling each better understanding and appreciate the other, the two constituant elements of English and French speaking peoples". Il ajoute, sans doute à l'intention des évêque et du clergé irlandais: "as editing an Acadian Journal, our first and most pleasing occupation, will be the reporting of


39. L'Évangéline, 1er décembre 1904.
40. Sur Valentin Landry et sa pratique journalistique, voir l'intéressant mémoire de Laurentine Chiasson, Valentin Landry (1844-1919) patriote de la renaissance acadienne, mémoire de M.A. (histoire), Université de Moncton, 1974, 98p.
41. Le Moniteur acadien, supplément illustré, 1er juillet 1992, p.36
42. L'Évangéline, 23 novembre 1887.
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Source : DAIGLE, Jean (dir.). L'Acadie des Maritimes : études thématiques des débuts à nos jours, Moncton, Chaire d'études acadiennes, 1993, 908 p.