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AIRAGE
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ALÉMENT

au centre et même au nord de la France, du genre féminin: L'air est bonne ce matin; «L'air du ciel s'rait pas assez fraîche». (NIGOND).
   L'air du temps, c'est l'atmosphère: Il a disparu dans l'air du temps.
   Le fond de l'air, c'est le fond du firmament, le ciel bleu.
   Prendre l'air du bureau, c'est se familiariser avec ce qui se passe dans le milieu où l'on se trouve: Ce garçon a vite pris l'air du bureau. Se dit surtout en mauvaise part.

   AIRAGE. (Voir hairage).

   AIRER. Aérer. Faire circuler l'air.

   AISSIL. Sorte de bardeau. Le mot appartient à la vieille langue.

   AJEUVE ou AGEUVE. Tout à l'heure, tantôt. Adverbe formé sur le verbe achever que nous prononçons agever: Il était ici ajeuve; Quand l'avez-vous vu? — Ajeuve.

   AJOUTER. Sous-entendu, à ce qui est vrai, mentir. C'est un euphémisme: Ne le croyez pas, il ajoute; N'ajoutez pas.
   On dit en langue académique: ajouter foi.
   Quoiqu'on ne la relève pas dans les écritures, l'expression appartient à l'ancien parler puisqu'il nous a légué ajoutation, action d'ajouter: «Par celles voyes s'en vont genglant et bandant des dames et des demoisselles et accroissent plusieurs paroles de quoy elles ne parlèrent guères» (LA TOUR).

   AJUSTAGE. Se dit de l'action d'ajus-ter un habit.
   -AL, -AU. «Dans l'ancien français, als et aus étaient deux manières d'écrire indifféremment la terminaison, soit du pluriel, soit du singulier, des mêmes mots. On disait: li chevaus pour le cheval, et lis chevals pour les chevaux». (AMPÈRE); «Le peuple de
Paris... dira des amirals, des caporals et même des journals, des oeils». (DAUZEL); «Geuffray au point du jour monta à chevau». (ARRAS, [Roman de] Mélusine).
   On dit encore, à l'Académie, un chevau-léger, à côté de plusieurs cheveaux ou chevaux-légers.
   Les grammairiens n'ont jamais très clairement expliqué pourquoi l'on doit dire un cheval et des chevaux. Disserter là-dessus serait hors de place dans un glossaire.
   À côté des finales en -aux obligatoires, l'Académie donne: fatals, idéals, trivials, médicals, sentimentals, etc. Sur quoi appuie-t-elle ces exceptions?
   Jusqu'en 1762, on trouve journau pour journal, à l'Académie. De bons auteurs écrivent: «Des sons nasals». Un manteau, un sceau, un agneau se disent en bon français pour un mentel, un seel, un agnel.
   «Ces bras te deviendront ou fatals ou fataux». (BOURSAULT, [Le] Mercure gal[ant], IV, 71). Voltaire également écrit fatals et fataux. Rabelais confond constamment les deux formes: «Par trois tubes et canals», écrit-il quelque part. Même dans le corps des mots les anciens ne savaient pas toujours quelle forme employer de -al ou de -au: «Et vous en acquittez loyaument», dit Froissart. On trouve chevals dans la Vie de s[aint] Gilles (v. 268) et aussi chevaus: «Palefreniers, mulz et bels chevals». Toute la confusion antique et moderne, voire contemporaine, relative aux finales -al, -als, -au, -aus et -aux se trouve dans le parler des Acadiens.

   ALARTE. Subst. masc. Alerte. Alarte est un mot «qu'en termes décisifs Vaugelas condamnait». Donc, il existait à Paris de son temps. Alarte est aussi une interjection: Alarte! vous autres.

   ALÉMENT. Pour élément, le e se permutant avec a comme il arrive pour un grand nombre de mots devant la




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.