formé, signifie plan uni en Acadie; planca en provençal. Les Poitevins ont applanjure. Le vieux français avait planger et aplanger pour aplanir. Même radical que planche.
APLOMB. Au figuré: Perdre son aplomb, c'est perdre son assurance; Prendre son aplomb, c'est se remettre sur pied, se redresser.
APLOMBER. Plomber: aplomber la charpente d'une maison. Entendu aux Îles-Madeleine.
APPARCEVOIR. Apercevoir: «Chacun s'apparcevra que vous l'aimez». ([Le Livre des] 100 ballades, IIe).
APPAREILLER. Ce verbe reçoit, ici, toutes les acceptions que lui donne le Dictionnaire de l'Académie et plusieurs autres encore. Il se dit par les terriens pour s'apprêter, s'habiller. On appareille un enfant pour l'école; on s'appareille soi-même, le dimanche pour aller à l'église. Appareiller la table c'est la dresser. Marot emploie le mot dans le même sens que les Acadiens. Nous lisons dans Brantôme ([Vies des hommes illustres et des grands capitaines], «Antoine de Bourbon»): «S'appareillant pour aller à l'assaut». «Le roy et Philippe estoit tout appareillé pour le recevoir». (FROISSART); «Nos esteignoirs furent appareillés pour estaindre le feu.» (JOINVILLE). La langue officielle a appareiller et apparier. Les savants rapportent appareiller à pareil et apparier à paire. À ce dernier terme, ils donnent le sens de assortir par paire ou couple. Appareiller s'emploie, en Acadie, dans l'un et l'autre sens. Il me paraît douteux que les deux termes aient des radicaux différents. Le vieux français avait appareiller et appariller. C'est de appareiller que apparier a été fait. Je suis porté à croire que toute la différence entre les deux mots provient de la manière de les orthographier; la confusion serait due aux graphistes.
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APPARESSER. Devenir paresseux. C'est du vieux français: «Oidvie (l'oisiveté) atrait mauviastée. / Et maint homme a aparaicié. (Roman de Brut).
APPARTEMENT. Chambre, pièce, côté. En France, un appartement est un logement composé de plusieurs pièces; ici, comme en langue anglaise, une seule pièce peut constituer un appartement.
APPARTENIR. Le mot a la même signification ici qu'à l'Académie, mais nous disons de plus: Cette place de commis à la douane qu'ils lui ont donnée m'appartient pour: me revient de droit, m'était due. Quand le verbe est employé activement, il faut voir l'influence de l'anglais: J'appartiens cette maison est la traduction littérale de: I own that house. Nous disons aussi: Où appartenez-vous? C'est encore de l'anglais: Where do you belong?
APPAUVRIR. Nous disons: Le pays appauvrit pour s'appauvrit, comme on le disait encore en France au XVIIe siècle.
APPELER. Les enfants disent: Il m'appelle des noms pour il me donne des noms injurieux. C'est l'anglais to call names. Je lui ai donné une râclée qui s'appelle veut dire: Je l'ai bien battu.
APPETISSER. Rappetisser. «Pour que chacun jour sa force croist et la mienne appetisse». (Perceval).
APPÉTIT. «Moi j'ai l'appétit de la terre», disait un terrien à un pêcheur avec qui il discutait des mérites relatifs entre la pêche et l'agriculture.
APPILOTER. Mettre en pilots, en tas. Appiloter a été formé sur pilot, comme appiler sur pile. Les deux substantifs et les deux verbes sont synonymes.
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