Mistral, l'auteur de Mireille, commença d'écrire, vers 1854, dans l'Armana provençal que venaient de fonder les [félibres du] félibrige.
ARMINETTE. Herminette. C'est toujours la question du e et du a précédant une liquide (voir Ar-Er). Le vieux français avait arminette.
ARONDE. L'expression, à peu près inusitée en français aujourd'hui, de queue d'aronde, est en pleine vigueur en Acadie. Une pièce de bois en queue d'aronde veut dire: taillée en queue d'hirondelle; arundo, en latin. On a dit aronde en vieux français pour hirondelle. Queue d'aronde fait image.
ARRACHER. V. n. S'emploie absolument: C'est le temps d'arracher pour arracher les patates. Après la Déportation, les patates (pommes de terre) furent longtemps la principale, pour ne pas dire la seule, nourriture des Acadiens. Aussi les expressions: arracher, arracheries, temps des patates arrachées ont-elles pris beaucoup d'importance dans leur parler. La locution: Il en arrache! signifie: il a beaucoup de misère, on lui cause beaucoup d'embarras. Il arrache sa vie: il gagne misérablement assez pour vivre.
ARRACHAGE. Se dit, ici, de l'action d'arracher des patates (des pommes de terre). En France, c'est l'action de déplanter un arbre.
ARRACHERIES. Les arracheries, c'est l'époque où l'on arrache les patates, où l'on fait la récolte des pommes de terre. Aux Îles-Madeleine, où l'on ne se sert presque jamais des mois du calendrier pour marquer différentes époques de l'année, l'on dira: aux arracheries, au premier de l'an, à la chandeleur, aux loups marins (temps de la chasse aux phoques), au temps de Pâques, à la S[aint]-Pierre, aux plantes, aux semences, au temps de la seine (temps de la pêche
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au hareng), à la bénédiction des barges, au temps du maquereau, aux foins, aux équinoxes, à la S[aint]-Martin; tous les mois de l'année y sont ainsi représentés.
ARRACHES. Subst. fém. Substantif verbal formé sur arracher. Le temps des arraches est l'époque où l'on arrache les patates. Nous disons aussi: au temps des patates arrachées.
ARRACHIS. Défrichement, dans la forêt, où les souches ont été arrachées. Cette finale en -is, que l'on trouve dans un grand nombre de substantifs verbaux: arrachis, appilotis, abattis, etc, est formée sur la finale latine aticius. C'est ainsi que levaticius a donné lévis, pont-levis.
ARRANGEMENT. C'est un homme d'arrangement se dit, ici, d'une personne avec laquelle il est facile de s'entendre, une personne de bonne composition; en France, c'est plutôt un homme d'ordre. Par contre, quand nous disons: Cette personne n'est pas d'arrangement, cela signifie qu'il n'y a guère moyen de s'entendre avec elle.
ARRANGER. Reçoit, au Canada et en Acadie, quelques applications que je ne lui trouve pas à l'Académie: On arrange la table pour on la dresse; On arrange ses habits, sa voiture pour on répare. Arranger la morue, c'est l'apprêter. S'entend aussi comme en Anjou et dans le centre de la France généralement pour châtrer: arranger un cheval. Être un mal arrangé, c'est être mal accoutré. Se faire arranger, c'est se faire semoncer d'importance. On lit dans le Discours sur l'Histoire universelle de Bossuet: «Dieu n'a pas seulement arrangé le monde, il l'a fait en entier»; et, dans Les merveilles du corps humain du même auteur: «Tant de parties, si bien arrangées».
ARRÊTER. S'arrêter, cesser: Arrête-toi, cesse. Stop, en anglais.
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