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ASSAUT
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ASSAYER

   Sape, saper, sapeur sortent du même radical.

   ASSAUT. Se dit pour accident, mauvais coup, maladie grave: Il a attrapé un mauvais assaut; J'en reviendrai, si je n'ai pas d'assaut, c.-à-d., de rechute. Dans ces vers de La Fontaine ([Fables], «Le Lièvre et les Grenouilles») le mot a presque le sens que nous lui donnons: «Jamais un plaisir pur, toujours assauts divers
   La jurisprudence anglaise a gardé du franco-normand: Assault and batterie qui se traduit au palais par voies de fait.

   ASSAVOIR (Faire). Faire savoir, apprendre, connaître. S'écrit ici comme il doit l'être, en un seul mot, et non pas à savoir comme on le trouve chez certains auteurs. La formule épistolaire: «Je vous écris pour vous faire assavoir de mes nouvelles», est fort répandue parmi le peuple. Nous disons aussi: Faites-lui assavoir que je suis arrivé.
   Ce verbe, que l'Académie omet d'enregistrer, se rencontre dans la plupart des vieux auteurs. [Dans un] Ysopet: «Ceste chose vous faiz-je encore à savoir»; chez Froissart: «Les seigneurs d'Angleterre firent à savoir que chascun se traisit (retirât) à sa loge»; dans Le Role de ceux qui veignont in Angleterre avesque roy William le Conquereur: «Fact assavoir que l'an de grâce...»; dans Perceval: «Je vous requis de me faire assavoir»; dans Deschamps: «Fais ascavoir que du règne adoptif, sera vengeance fette»; dans La Fille du comte de Pontieu: «... Me fit assavoir que elle celle qui se prépare...».
   Je le trouve également dans le Roman [du Chastellain] de Coucy: «Dame, par vos courtois vouloir Me voellies laisser assavoir, par le porteur de cestre lettre...»; dans la chronique de Henri de Valenciennes; «Seigneur... li empereres... Vous fait à savoir»; dans Benoit [de Sainte Mau], Chronique [des ducs] de Normandie: «As autres l'a fait assavoir»; dans
Villehardouin: «Et l'or fait assavoir que ils avoient vingt-cinq tors (tours)». Molière l'emploie dans Tartuffe (acte II, scène III) et George Sand dans [Les] Maîtres Sonneurs et dans François le Champi.
   La locution: C'est à savoir signifie que c'est douteux, ce n'est pas certain: «Je lui ai rendu tout ce qu'il m'a prêté — C'est à savoir?» Cette locution est à l'Académie.

   ASSAYE. Procès. C'est la traduction du mot anglais trial.
   La conquête anglaise introduisit, en Acadie, les cours de justice qui n'y existaient pas auparavant. Les différends se réglant sous le régime français, à l'amiable, devant le missionnaire choisi pour arbitre. Avec les cours vinrent les procès (trials) choses inconnues au pays d'Évangéline et dont il fallait, bon gré mal gré, prendre connaissance. Les premiers Acadiens traduisirent trial par assaye, et le terme est resté: Avoir un assaye, c'est encore aujourd'hui avoir un procès.
   Nous disons aussi assaye pour essai. La langue anglo-normande a conservé cette ancienne forme française du mot: a chemical assay.
   On trouve assai et essai dans la vieille langue. L'un vient de assagium et l'autre de exagium, deux formes du bas latin.

   ASSAYER. Essayer. C'est la première manière; on la trouve dans la plupart des anciens auteurs. Thibaud IV a les deux: assaier et essaier. Assayer et essayer luttèrent vivement pour la suprématie en France au XVIe siècle. Ce fut essayer qui, finalement, l'emporta... dans les écritures.
   S'asseyer, verbe pronominal, se dit pour concourir, lutter: s'asseyer à la course, à la lutte: «Par engien voudra aseier / Si le corp porro enginier». (MARIE DE FRANCE, Li fables d'un Corbel); «Si j'ay voulu assayer mes compagnons pour scavoir comment je les aurois prest à mon besoins». (ARRAS, [Roman de] Melusine); «Un




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.