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B

   B. Deuxième lettre et première consonne de l'alphabet. Se permute dans quelques mots avec v, comme dans vautour qui se dit beautour. La permutation de b en v, et inversement, remonte au latin. Certaines langues modernes, l'allemand par exemple, l'ont même mué en f: témoin Koblenz, formé du latin confluentis, au confluent du Rhin et de la Moselle.

   BABETTE. Abréviation d'Élizabeth. Se dit au centre de la France, et tout particulièrement dans le Berri.

   BABEUR. Se dit, dans quelques familles, pour lait de beurre.

   BABICHE. Ce mot, d'après le Père Lacasse, aurait été formé du sauvage (huron) sisibabiche, petite corde, diminutif de sisibab, corde, en laissant tomber les deux premières syllabes. Les Souriquois avaient ababish pour corde.
   C'était «une lanière très étroite, nous dit l'abbé Casgrain, taillée dans un cuir ordinaire ou la peau d'anguille, et destinée à faire une couture ordinaire». En Acadie, les babiches se font exclusivement avec de la peau d'anguille.
   Babiche se disait au XVIIe siècle en France (puisque le mot se trouve dans la première édition [du Dictionnaire] de l'Académie) et se dit encore pour barbiche. On y appelle aussi de ce nom un petit chien de poche, comme nous disons ici. Tirer la babiche est un terme de cordonnerie.

   BABINE. Lèvre. Le mot lèvre quoique très bien compris n'est guère en usage ici, c'est babine que nous disons toujours.
   BABOIN. Mioche. Le mot est très familier.

   BACE. Mot formé directement de l'anglais boss, contremaître, chef d'équipe. Si je mets ici contre mon habitude un des mots nombreux, trop nombreux, hélas! que nous avons formés et que nous formons tous les jours de l'anglais, c'est que je le retrouve dans la langue maritime de France, l'ancienne aussi bien que la contemporaine. Nous avons en plus bâceman, également de la langue anglaise.

   BÂCHER. Travailler négligemment: Il bâche tout ce qu'il fait.

   BACHOT. Petit bateau de peu de valeur.

   BACUL. (Prononcé bacu). Palonnier, pièce de bois où l'on attache les traits d'un cheval: «Tu travailles journellement beaucoup, je l'appercoy à l'usure de ton bacul». (Pantagruel). On trouve ce mot dans les très anciens auteurs. Cotgrave l'a recueilli dans son dictionnaire. Louis Hémon (Maria Chapdelaine) écrit batcul en deux mots.
   Voici ce que nous lisons dans Littré: «Bacul, large croupière des bêtes de voiture, qui leur bat sur les cuisses». Je crains que les deux radicaux, bat et cul, n'aient fait donner au grand linguiste français une mauvaise définition de ce mot. Godefroy copie: «Bacuz, croupière de mule».

   BÂDRER. Synonyme de l'anglais to bother: importuner, ennuyer, tanner. Le même mot, ou à peu près, se retrouve en Normandie. Les Normands, ainsi que les Acadiens et les Canadiens, l'ont adopté parce qu'il est plus




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.