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BIEN
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BIORQUE

   BIEN. Nous demandons à une personne si elle est bien, non pas pour savoir si elle est bien élevée, mais si elle est bien en santé. De même, si l'horloge est bien pour si elle est à l'heure.
   Nous disons (et on le dit également en France): avoir du bien pour être dans l'aisance. Et encore: Il se défend ben ou bien, pour il se tire bien d'affaire.
   Bien de ses amis le condamnent: beaucoup de ses amis le condamnent.

   BIENFAICTEUR. Nous faisons entendre le c étymologique. C'était ainsi, apparemment, que le mot s'écrivait et se prononçait au commencement du Grand Siècle. On l'écrivait quelquefois en deux mots: bien faicteur. Le mot s'orthographia bienfaicteur jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
   L'on discuta, au temps de Malherbe, s'il fallait prononcer malfaicteur ou malfaiteur. Vaugelas, l'oracle, se prononça en faveur de malfaiteur.

   BIEN-FAIRE (Pour). Loc. adv. Raisonnablement: Pour bien-faire, vous devriez lui donner ça.
   Bossuet, Rousseau et d'autres grands écrivains se sont servis de cette locution, mais avec le sens de faire bien ou faire du bien.

   BIFFAGE. Ce qui est biffé, raturé.

   BIGORNEAU. Petit mollusque du genre limaçon que l'on trouve sous les pierres, le long du rivage.

   BIGRE. Oiseau de nuit. Night-hawk en anglais: «Bigre, chercheurs d'essaims (apiger) est resté dans l'herbe-au-bigre». (LE HÉRICHER).
   C'est aussi une exclamation très connue en France.

   BIL. Projet de loi auquel les Chambres anglaises et canadiennes font subir trois lectures avant de la sanctionner: «C'est un mot anglais qui est devenu français par l'usage qu'en fit pour la première fois le gazetier dans la Gazette du mois de juin 1685», nous
dit [le] Trévoux.
   Ménage le relève disant également qu'il est devenu français.
   Nos traducteurs officiels le rendent par: projet de loi. Avant eux, les latinisants de France en avaient fait un libellus verum edicto vel lege faciendum.
   Puisque bil est un mot direct, pris au parlementarisme anglais, pourquoi en changer la forme et le rendre par une circonlocution vague et imprécise.

   BILLE. Ne signifie pas, ici, comme en France, un tronc d'arbre; mais se dit d'un arbre débité en billes ou morceaux.

   BILLETTE. Petite bille.

   BILLOT. Arbre coupé par tronçons, dont on fait du bois de charpente, des madriers et des planches; bois en grume. Le mot est encore en usage parmi le peuple de France: «Faudra voir s'il sait débiter dix douzaines de planches dans un billot de peuplier». (BAZIN, [Contes de bonne Perrette], «Deux Anciens»). C'est le diminutif de bille qui se dit en France pour tronc d'arbre.
   Aller aux billots s'entend absolument pour aller faire la coupe des billots au bois, bûcher des billots. L'ancien français avait billoter avec la même signification.
   Le mot bilho en roman a plutôt le sens de rameau ou de gros bâton. Ceci explique sa forme diminutive.

   BIN. Bien. Du l[atin] bene. Bien nous vient du provençal ben.
   Bin et rin, pour bien et rien, étaient la prononciation parisienne au XVIIe siècle.

   BIORQUE. Butor d'Amérique; botaurus lentiginosus. À cause de son cri rauque, on l'a appelé pompe à tonnerre. C'est, je crois, le busard des marais. Les Canadiens l'appellent coac.
   Au figuré, tête de biorque se dit pour borné, stupide.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.