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BOBER
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BOIS-MORT

blocs. Les blocs d'ici sont le plus souvent en bois.

   BOBER. Bober les cheveux, les couper court, ainsi que femmes et filles le font aujourd'hui. De l'anglais to bob. C'est un mot de formation toute récente. J'ignore comment les Parisiens expriment cette opération rendue nécessaire pour se conformer à la dernière mode.
   Le vieux français avait miroder pour couper les cheveux à demi: «La Brinvilliers monta seule et nu-pieds sur l'échelle et sur l'échafaud, et fut un quart d'heure mirodée, rasée, dressée et redressée par le bourreau». (SÉVIGNÉ).

   BOCAUT. Boucaut. [sic] Le bocaut ou bocau sert, en Acadie, à mettre surtout la mélasse.
   Le Héricher le donne comme «baril à morue». Je crois que nos pêcheurs de morue lui ont conservé le même sens.

   BOESSEAU. Boisseau: «Il semble qu'il y en ayt jusques au collet et plein un boesseau». (COQUILLART, [Les Droitz Nouveaulx], «De Jure naturali»).

   BOEUF. Se prononce beu au singulier comme au pluriel. La distinction que l'on fait à l'Académie entre le singulier et le pluriel de ce mot paraît assez puérile. C'est, apparemment, oeuvre de pédants: «Mis bues (mon boeuf) valoit en l'ost quatre-vingts livres». (JOINVILLE).
   Au figuré, se dit d'un homme grossier: C'est un beu. Boeuf, oeuf étaient prononcés encore au XVIIe siècle boeu, oeu par les dames. (VILLECOMTE, 1757).

   BOINFRE. Mot enfantin d'amitié: mon petit boinfre. Corruption du mot boingre.

   BOINGRE. Jurement blanc. Boigre s'est dit pour diable en vieux français.
   BOIRE. Se conjugue comme dans la vieille langue: «La terre les eaux va boivant». (RONSARD, Odes, liv. IV); «Une vigne prendra naissance / De l'estomac et de la panse / Du bon Rabelais qui boivoit / Tous jours, cependant qu'il vivoit». (Idem).

   BOIS-BLANC. Se dit du peuplier, du tremble, de tout bois à fibre blanche et dont le grain est peu compact.
   Dans l'ancienne législation de France, du bois-blanc, c'était du bois-mort et du bois-mort, c'était du bois de peu de valeur.

   BOIS-DE-CORDE. Bois de chauffage. Ainsi nommé parce qu'il est cordé ou mesuré à la corde.

   BOIS-DE-TONNE. Les Canadiens l'appellent bois carré. En effet, c'est du bois équarri, expédié à l'étranger, surtout en Angleterre: «Les bûcherons qui mesurent encore le bois au lieu de le peser, se servent plus volontiers de la corde, et les Auvergnats de la voie». (GOURMONT, Esthétique de la langue française). Ceci fait voir, que le mesurage du bois à la pesée ou à la tonne, nous vient de France.

   BOIS-DEBOUT. Une terre en bois-debout est une terre boisée, où le bois primitif n'a pas été abattu. Pour exprimer la même chose, le vieux français avait bois en étant du verbe éter, formé sur le latin stare, être debout. On dit encore au palais: Ester à droit, pour rendre témoignage en se tenant debout.

   BOIS DUR. Bois dont le grain est serré, tel que l'érable, le merisier, le hêtre.

   BOIS-MORT. C'est le bois qui est abattu ou qui, étant debout, est sec et ne peut servir qu'à brûler. À l'Académie, du bois-mort, c'est du bois de peu de valeur comme les épines, les ronces, les genêts.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.