page



BOUFFETER
- 75 -
BOUQUER

   BOUFFETER. Goder, bouffer. Du drap qui boufte (pour bouffette), c'est du drap qui bouffe.

   BOUFFIE. Tumescence, cloche.

   BOUFFIOLE. Bulle, bouffissure. Une bulle d'air ou de savon est une bouffiole. Bubble en anglais. Mot courant, au centre de la France. Se rattache à bouffer, bouffir et peut-être à pouffer. Bouffiole est le diminutif de bouffie.

   BOUFFRE. Petit juron. Adoucissement du mot cher au Père Duchesne.

   BOUGON. Tronçon: un bougon de pipe. Du hareng bougon, terme bien connu en France, est du hareng dont la tête et la queue ont été coupées. L'expression acadienne vient de là.

   BOUGRESSE. Le mot a perdu tout à fait son sens original, ce qui permet aujourd'hui de l'écrire. Il s'emploie même presque en bonne part: Il faut lui venir en aide, c'est une pauvre bougresse. C'est ainsi que l'on dit: un pauvre diable.

   BOUGRINE. Surtout de grosse étoffe vareuse que les ouvriers endossent les jours de mauvais temps. Cotgrave a recueilli le mot. Se rattache à bougran.

   BOUILLARD. Légère averse de pluie de peu de durée: Nous avons eu un bon bouillard.

   BOUILLÉE. Grosse touffe; grosse cépée; grande quantité: une bouillée de raisins sauvages, de fraises, de bluets, de fleurs. C'est la talle (Louis Hémon, Maria Chapdelaine) ou la tallée des Canadiens; «Une table rustique est enfoncée sous d'énormes bouillées de bambous». (LOTI, Journal). Il parle aussi d'une «bouillée de roseaux».
   La bouillée des Acadiens correspond à la bouillerie des Angevins. On dit aussi bouillée en Anjou.
   BOUILLER. Foisonner, fourmiller: Le poisson bouille dans la baie; Les canards bouillaient ce matin dans le lac; Ça bouille, les fraises, dans les champs, cet été; Il y en a, ça bouille.

   BOUILLIR. Fait à l'indicatif: Je bouille, tu bouilles, il bouille au lieu de: Je bous, tu bous, il bout comme le veut l'Académie: Le pot bouille. Ce je bous est une fantaisie des grammairiens, puisque le même verbe donne: que je bouille au subjonctif.

   BOUILLON. Comme en France. Au figuré, verte réprimande: Je lui ai donné un bon bouillon.

   BOULETTE. Nous disons: la boulette du genou pour la rotule du genou.

   BOUME. Sorte d'estacade faite avec des billots attachés les uns aux autres par leurs extrémités. De l'anglais boom.

   BOUQUER, se BOUQUER. Un cheval qui bouque est un cheval rétif.
   Se dit aussi des personnes; il est alors synonyme de s'entêter, de bouder: Il n'ira pas à l'école, il bouque; Il s'est bouqué contre moi. Le mot appartient à la vieille langue et on l'entend encore en France: «Moi seul j'ai fait bouquer toute la faculté». (REGNARD, Le Légataire universel, acte II, scène XI); «Il fera bouquer les Romains», trouve-t-on dans le Virgile travesti de Scarron; «L'évêque bouqua, i.e. se désista», nous dit le Père Potier dans les Façons [de parler proverbiales triviales, figurées, etc.,] des Canadiens au XVIIIe siècle, [Bulletin du parler français au Canada]. Balzac parle quelque part de faire boucquer les autres bourgeois pour les rendre jaloux. En Anjou, aujourd'hui encore faire le bouc, c'est bouder. On disait, au XVe siècle, se hérisonner pour se bouquer.
   L'expression, prise dans ce sens, vient évidemment de bouc.
   Mais le mot reçoit d'autres accep-




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.