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CASTONNADE
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CATIN

   CASTONNADE. Cassonade. Le grand usage est castonnade et non pas cassonade qui est pourtant le véritable mot: «Je dirois donc castonnade, mais sans blâmer cassonnade». (MÉNAGE, Observations sur la langue française). Ailleurs il dit: «Paris est partagé entre castonnade et cassonnade». Richelet donne les deux. On trouve castonnade dans Scarron. Le Dict[ionnaire] de l'Académie (édition 1718) inscrit castonade à côté de cassonade.

   CASTOR. Le chapeau de haute forme, appelé chapeau de castor se dit chapeau fin, en Acadie. Nous appelons huile de castor, l'huile de ricin.
   Sont appelés Castors les partisans d'un parti politique canadien-français, également connus sous le nom de Nationalistes.

   CASUEL. Adj. Fragile, cassant. Ce sens nous vient des Normands. En Saintonge, casuel se dit pour maladif. Pour les médecins, casuel est synonyme d'accidentel.
   Le casuel, substantif, est ce qui revient au célébrant ou au curé sur le prix payé pour une messe ou tout autre office religieux.

   CATACHRÈSE. Outre celles que la France littéraire connaît et admet, nous en avons qui nous sont propres et particulières, comme par exemple, graisser son pain de beurre; le bec d'une plume à écrire. On pourrait y ajouter la dîme (le dixième) qui est pour nous le vingt-sixième.

   CATALOGNE. Sorte de prélart ou de tapis grossier, fait à la main ou au métier avec des chiffons et des guenilles. On s'en sert aussi comme couverture de lit: «Quand il eut bien fait du mauvais, il fut contraint de s'appaiser pour une couverte de Catalogne que lui donna le sire André». (Desp. Conte XI). De Catalogne en Espagne. Rug, en anglais.
   CATAPLASME. Se prononce cataplâme, ici, comme dans plusieurs départements de France. Le s de la graphie a influé sur la prononciation officielle.

   CATÉCHIME. Prononciation normale de catéchisme. La graphie a fait prévaloir, dans la prononciation savante, le s étymologique, conservé dans les écritures. Le populaire de France dit comme nous. «La tendance de réduire les finales en -isme à -îme ou -isse... est toujours active en français». (GOURMONT).

   CATENAS. Cadenas. La différence de prononciation de ce mot provient de ce que le t du radical s'est mué en d. Ces deux lettres sont apparentées: [deux dentales].
   Le mot nous vient directement de l'italien catenaccio, dérivé du bas latin catenacium; radical: catena.
   Rabelais l'écrit comme il se prononce en Acadie: «Quatorze catenats». (Pantagruel).

   CATICHE. Efféminé: il a l'air catiche. En France, catiche est un terme de chasse.

   CATIN. Poupée. Ce mot tiré d'un vocable grec, catharas, signifiant pur d'où Catherine, est tombé en disgrâce, et ne se dit plus, en français, que pour désigner une fille de moeurs légères. Le même sort est arrivé à sophiste qui, à l'origine, signifiait un sage. Dévot, casuiste sont également en train de dégénérer.
   Le sens péjoratif de catin est de date assez récente. Voltaire, Madame de Sévigné, etc. ont employé le mot en bonne part. Ronsard appelle catin, Catherine de Médicis: «Pour te louer, ma petite catin / Je voudrais bien te faire un roquentin / Une élégie, un sonnet ou une ode».
   Une chanson acadienne, importée de France sans doute, commence ainsi: «Versez-moi un ver de vin, / C'est pour saluer ma catin».




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.