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CHEVAL
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CHOUCHE

parmi les courtisans du Grand Roi, s'il faut en croire Vaugelas.

   CHEVAL. «On entend souvent les enfants dire: un chevau ou des chevals». Ce que Clédat (Phonétique) dit ici s'applique aux Acadiens. Depuis qu'ils ont entendu les personnes éduquées dire tantôt cheval et tantôt chevaux, eux qui ignorent les règles grammaticales du singulier et du pluriel dans les mots finissant en -al, ne savent plus comment dire. Ils sont dans le cas de ceux qui parlaient la langue primitive: «Le roy vint à son chevau et monta». (ARRAS, [Roman de] Mélusine). La même confusion existe chez les illettrés des campagnes de France.

   CHEVALIER. C'est ainsi que nos chasseurs appellent le bécasseau, le yellow-leg des Anglais.

   CHEVREU. Chevreuil. Les scribes, pour qu'on n'oubliât pas qu'ils constituent la classe des savants, ont gardé à chevreu, dérivé de capra, chèvre, le l étymologique de son diminutif capre olus. Cet l est passé des yeux à la langue, et il fait loi aujourd'hui; il sonne dans chevreuil. Nous prononçons le mot comme il s'est prononcé en France aux origines de la langue: chevreu, tant au singulier qu'au pluriel.

   CHIARD. Mot formé, je crois, par les collégiens canadiens, peu enthousiastes du menu ordinaire, et qui consiste en un salmigondis où il entre toutes sortes d'ingrédients.

   CHICOT. Se dit aussi bien d'un reste de tronc d'arbre que d'un reste de dent.

   CHICOUTÉE. Fruit sauvage, de couleur jaune, de goût aigrelet et gros comme une noisette, qui croit sur une tige haute d'environ six pouces. Ne porte qu'un seul fruit par tige. Le rubus chamaemorus de J. Adams.
   CHIEN. Jusqu'à ces derniers temps, nous avions, comme ceux de France, le chien de fusil, qui est une pièce de fer mobile qui tient la pierre d'une arme à feu.
   La locution — Son chien est mort correspond à: J'ai cuit mon pain, de l'ancienne langue; son affaire est ratée; c'est un homme flambé.
   On appelle chien, à la Baie-des-Chaleurs, un mélange de défense et de coton.

   CHIPER. Prendre, enlever prestement. Semble venir de l'islandais Kippa: voler, dérober.

   CHOCABLE. Offensant. Du verbe choquer: «Je ne me sens pas beaucoup chocable, et cependant je me trouvai choqué d'être si mal reçu». (SAND, [Les] Maîtres sonneurs). Le sens de chocable est, ici, quelque peu différent de celui qu'il a en Acadie.

   CHOISISSABLE. Qui peut être choisi.

   CHOSE. Prononcé chouse (voir ce mot). Correspond à machin, dont il est fait un vulgaire usage en France. Se dit pour quelqu'un dont on ne se remet pas le nom: Chose m'a raconté que... «Il faut rire de tout: aussi bien ne peut-on changer chose en Virgile ou bien l'autre en Platon». (RÉGNIER, [Satires], «Satire X»).
   «Chose, ce Romain, qui retourna chez les Carthaginois pour tenir sa parole». ([SÉVIGNÉ, Manuscrit] Grosbois, II, p. 468).

   CHOU! Interjection. Cri pour chasser les cochons: «Chou: A voice where with to drive away». (COTGRAVE); «Quand on chasse les porcs de l'étable, on les excite par ces mots: chou, chou». (NISARD).
   C'est hou! hou! que l'on dit sur les rives de la Moselle.

   CHOUCHE. Souche. Souche est devenu souche, comme cercher «Il




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.