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CHOUCHON
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CISAILLES

cerce les vais et si cerche les monz». (Chanson de Roland, CLX) est devenu chercher; cirurgien, chirurgien. On trouve cirurgien dans Ambroise Paré. Cierge, inversement, s'est dit chierge en vieux français.
   Le mot souche, dont l'origine est inconnue, a subi bien des vicissitudes. Il se prononce aujourd'hui en France de plusieurs manières différentes, selon les localités. La forme en fut incertaine dès l'origine de la langue. «Il frote front et oilz e buche. Mais ne veit plus ke une zuche». (Édouard le Confesseur, v. 2916). Ailleurs, c'est chouque, ceoca et cocha en basse latinité.
   On dit cloche et chouche aujourd'hui en Berri; en bourguignon, suche; en patois de Fourg[e]s, soutse; en picard, choque; à l'Académie, souche. Les Normands ont la chouque de Noël.
   «J'arrivais en galoppant tant que je pouvais à travers les chousses». (HÉMON, Maria Chapdelaine).

   CHOUCHON. Souchon, petite souche (voir chouche). On trouve séchon dans la vieille langue.

   CHOUSE. Chose. On chouse universellement en Acadie, c.-à-d. que, dans un très grand nombre de mots, [le] o s'allonge et s'adoucit en ou: un houme, une boune poume, une chouse, pour un homme, une bonne pomme, une chose; s'adouner, envirouner, pour s'adonner, environner, etc.
   «J'ai vu le temps que presque toute la France était pleine de chouses; tous ceux qui se piquaient d'être diserts chousaient». (CHIFFET, Grammaire, p. 179); «N'êtes-vous pas de bien grands fous / De dire chouse au lieu de chose?» (H. ESTIENNE); «Depuis dix ou douze ans, on ne prononce plus o, comme s'il était suivi d'un u. On dit chose, arroser, portrait, et non chouse, arrouser, pourtrait». (VAUGELAS); «Mais la main des Dieux jalouse / N'endura que telle chouse /
Suivist son train coustumier». (RONSARD, Odes).
   La Fontaine a arrouser pour arroser: «Dire chouse pour chose, et courtès pour courtois, parouesse pour paroisse et Francès pour François, sont les perfections dont aujourd'hui se couvre la noblesse française». (RÉGNIER, 1620).

   CHOUSER. Dire chouse au lieu de chose. Allonger les o en ou, comme cela c'est fait longtemps en France, même à la cour, comme la chose se pratique encore dans nombre de départements et comme nous le faisons universellement en Acadie. Se dit aussi pour faire une chose: «Si je m'en vais, ce n'est pas pour l'amour de ne pas être avec toi, c'est que j'ai mon fait à chouser». (HUGO, Les Travailleurs de la mer).
   Et encore dans le sens indiqué par Verrier (et Onillon] (Glossaire [des patois et des parlers] de l'Anjou). On se sert du mot chouser chaque fois qu'on ne trouve pas le mot propre pour exprimer une idée.

   CHRÉTIEN. Humain, raisonnable, honnête, comme dans cette phrase: C'est pas chrétien de parler comme ça; de faire ce que vous faites; «Parlez-vous christian, mon ami, ou langage patelinois?» (RABELAIS).

   CIROUANE. Ciroène, emplâtre. Ambroise Paré écrit cérouenne et l'Académie, ciroène [sic]. La forme de ce mot est longtemps restée indécise: «Pour nos ennemis refresner / N'y est emplastre ne cyroine». (JEAN DE MEUNG, Testament).

   CISAILLER. Couper maladroitement avec des ciseaux ou avec un instrument qui n'est pas prime (voir ce mot). L'Académie fait de ce verbe un terme de monnaie.

   CISAILLES. Rognures de ce que l'on a coupé avec des ciseaux. L'Académie donne le mot, mais le limite




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.