au Canada, en Anjou et dans tout le centre de la France. Coutrille est le même mot que goudrille. La goudrille des Canadiens est quelquefois en forme de gouge. On s'en sert pour recueillir les gouttes qui coulent de la coche taillée dans l'érable, au temps des sucreries. Coutrille, comme coutelier, est un diminutif.
COUTURIER. S'entend en Acadie, comme autrefois en France, d'un tailleur, d'un faiseur de vêtements d'hommes. «On n'a commencé à les nommer tailleurs que vers l'an 1578», nous dit Henri Estienne ([Deux] dialogues du nouv[eau] lang[age] fr[ançois] itali[anizé]). Régnier (XVIIe, «Satire X») l'emploie encore: «Consturiers qui feront les robes...». (Ordonnance des rois de France, t. 2, p. 372). Le métier de couturier n'a jamais été regardé bien favorablement; on les appelait, injurieusement, des percepoux. Ce sont des confectionneurs aujourd'hui. Le mot tailleur a vieilli. «Que dire à l'ouvrier... / Qui rougissant des noms de linger, de tailleur, / Se nomme chemisier et confectionneur?» (VIENNET, Épître à Boileau). «Ce mot de couturier a cessé d'être en usage à la cour... Mais on dit toujours, à la cour et à Paris, une couturière». (MÉNAGE). Nous avons aussi conservé à couturière son sens antique, malgré l'usage qui veut qu'on dise modiste. Modiste, autrefois, ne se disait que d'une faiseuse de chapeaux. Ce mot, assez récent, puisqu'il n'est entré à l'Académie qu'en 1835, est mal construit. Celles de nos Acadiennes, qui ne lisent pas les revues de France, disent modeuse, créant un mot d'une physionomie plus française que modiste.
COUVENT. Ne s'entend plus que d'une maison d'éducation pour filles, tenue par les religieuses. Autrefois, il y avait des couvents de Capucins, de Chartreux qui étaient des monastères d'homme.
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COUVERT. Couvercle. Nous disons: couvert de chaudron, de coquemar, de boîte et même de livre.
COUVERTE. Couverture de lit. Mot de formation populaire, moins savant, mais plus élégant que couverture. Les anciens Français disaient comme nous: couverte, au lieu de couverture: «Fismes un lict sans plume ne couverte». (Du Failloux, rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]); «Elles ne peuvent endurer ni couvertes ni linceux». (BRANTÔME); «De couverte un rideau qui fuyait, vert et jaune... estoit trop court d'une aune». (RÉGNIER, [Satires], «Satire 157»). Nous disons, et nos aïeux de France disaient comme nous, une couverte à cheval. Le mot était d'un usage universel, même au XVIIe siècle, sauf chez les scribes. Prototype: coopertorium. «Il n'out lit à tourniez, ne lit à or geté, Ne coverte de martre». (Guichard de Beaulieu, fin du XIIe siècle, parlant de l'Enfant-Dieu à la crèche); «On estendit sur nous deux antiques couvertes». (SARRAZIN, L'Embarquement de Poissy).
COUVERTURE. Ne se dit que du toit d'un édifice, maison ou grange.
CÔVE. Petit enfoncement dans une baie, où les pêcheurs mettent leurs embarcations à l'abri, crique. Il y a, au Nouveau-Brunswick, plusieurs localités du nom de Côve. Côve est-il un mot arabe entré dans la langue par la même voie qu'alcôve, c'est-à-dire, par l'espagnol? Cela paraît douteux. Il y a d'abord le sens des deux mots qui est tout à fait différent. Ceci au force aille [à la rigueur], ne serait pas une objection absolument concluante, si l'espagnol alcoba était le seul radical étranger d'où l'on put le tirer. Mais on trouve son prototype également dans les langues scandinaves, d'où les Anglais, par exemple, ont tiré le même mot. Cove, en anglais, parmi les différentes significa-
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