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CREVAILLER
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CRIQUETER

   CREVAILLER. Péjoratif de crever.

   CREVARD-DE-BREBIS. Herbe sauvage, plutôt nuisible...

   CREVATION, CREVAISON. Dernière dèche; état où l'on crève de faim: être à la crevation (ou crevaison) et la mort, c'est être réduit à la dernière extrémité de misère.
   Le populaire de France connaît cette expression.

   CRÈVEMENT. Action de crever.

   CRIC-CRAC. Crécelle. Onomatopée.

   CRICHER, CRISTER. Sensation agaçante que l'on éprouve quelquefois, lorsque les dents se frottent l'une sur l'autre ou que l'on entend le bruit agaçant d'une scie qu'on lime; grincer: Cricher ou crister des dents. C'est une onomatopée qui nous vient de France.

   CRIÉE. Nous disons: une vente à la criée, pour une vente à l'encan. Le mot est très français. «Criée. Terme de Pratique. Proclamation pour annoncer la vente des biens en justice. Ne se dit plus aujourd'hui qu'en parlant d'un navire saisi». (Dictionnaire de l'Académie). Nous employons l'expression pour toutes sortes de ventes à l'encan.
   On disait, en roman, mettre à la huchée, faire hucher ses biens.

   CRIER. Pleurer, comme en anglais to cry: Cet enfant ne cesse pas de crier; Ne crie pas, mon petit; Il ne faut pas le faire crier. «Les mots qui veulent dire appeler finissent très souvent par signifier pleurer ou crier. Plorare apud antiquos plane inclamare, dit Festus». (GOURMONT, Esthétique de la langue française). «Quiritare, appeler, vient du latin populaire critare, ce qui donne gritare en italien, gritar en espagnol et portugais,
gridar en provençal, crier en français, et to cry en anglais». (Idem); «Il ne faut jamais laisser crier les enfants après ce qu'ils souhaitent». (DENYS, vol II, p. 336).
   «S'abandonnant aux cris, ses yeux fondent en pleurs». (RÉGNIER, [Élégies], «Élégie V»); «Bieux chires leus, n'écoutez mie / Mère tenchent chen fieux qui crie». (LA FONTAINE). Ou encore, du même auteur: «Ce qu'un enfant a dans sa fantaisie / Incontinent il faut l'exécuter, / Si l'on ne veut toujours l'ouïr crier». ([Contes et nouvelles en vers], Le Faucon); «Plorent et crient chascuns de ses casez (cassaux)». (Ronc[evaux]).
   Malgré les exemples cités plus haut, il est possible que crier, au sens que nous donnons ici à ce mot, nous vienne du nord. Le gothique a gretan, greitan, signifiant pleurer, le hollandais Krijten, le bas allemand Kriten. Il n'y a qu'à substituer c à g ou à k.

   CRIERIE. Nous donnons à ce mot le sens que lui donne l'Académie, mais aussi, et plus souvent, celui de pleurerie, tel qu'on le trouve dans plusieurs auteurs anciens:
   «Si eut en la ville grant cririe et grant plorie». (FROISSART).

   CRIN. Au figuré, avoir le crin dans les oreilles, c'est être bien près de se fâcher.

   CRIGNASSE. Tignasse. Les deux mots ont cours en France aussi bien qu'ici. Mais crignasse n'est pas à l'Académie.

   CRIQUES. Mot enfantin, premières dents d'un bébé. À Valognes (Manche), on dit criquette dans le même sens. Criquette est le diminutif de crique.

   CRIQUETER. Crier comme un criquet: «La nuit vient; le grillon criquette; l'homme écoute». (HARAUCOURT, Choix de poésies).




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.