sés: croustilleux se disait autrefois; croustillant se dit aujourd'hui]; paroles lestes, risquées, graveleuses. On disait comme nous, croustillant, dans l'ancienne langue. Croustilleux est relativement moderne.
CROÛTE. Première planche enlevée d'un billot par la scie. Aussi surface de la neige durcie par le froid, après un dégel ou un commencement de dégel. En France, on appelle croûte la surface de la terre. Le mot latin crusta, d'où croûte a été formé, signifie ce dont une chose est enveloppée, comme un arbre l'est de son écorce. De Godefroy: Croûte, dosse. La première planche qu'on enlève d'un arbre.
CROYANCE. Un homme léger de croyance est un homme crédule, qui est facile de duper. Nous disons: c'est ma croyance que..., c'est ma conviction que...
CROXIGNOLE. Pâtisserie faite avec un mélange de pâte, d'oeufs, de saindoux et de sucre ou mélasse. C'est la croquignole de France, un peu moins dure, peut-être. La croxignole est cuite dans de la graisse bouillante et non pas la croquignole. «Outre le plat de viande, il y avait encore les pâtisseries frites dans la graisse ou dans l'huile de marsouin: elles étaient de deux sortes: les rubandelles et les tracas fendus, ce que nous appelons croquignoles». (CASGRAIN, [Légendes canadiennes et variétés, «Une excursion à] l'île aux Coudres»). On les appelle aussi beignes, au pays de Québec. Les croxignoles (ou croquecignoles ou croquignoles) ont de la race, c.-à-d., qu'elles remontent de loin. Elles font l'objet des Lamentations de Jérémie: «Qui nutribantur in croceis, amplexati sunt stercorâ». Rabelais, curé lui-même, appelait «croquignoles de curés» les légères pénitences qu'ils s'imposaient les uns aux autres.
| |
CRU. Humide et froid, en parlant de la température: Le temps est cru. «Avecques tout ce temps était si cru et si pluvieux que ce leur faisoit trop de meschef». (FROISSART).
CRUCIFIANT. Très douloureux: C'est crucifiant. Fénelon et Massillon ont employé ce mot à peu près avec le sens que nous lui donnons: «Otez de la morale les maximes crucifiantes, la violence, etc».
CTICIT, CTILA, CTELLA. Celui-ci, celui-là, celle-là. Le t final de cticit se fait entendre. Iste, ista se disaient en bas latin ste, sta. C'est sur le bas latin que sticit, stila, stella ont été formés en passant par cestui-cy, cestuy-la, mots encore en usage au XVIe siècle. «Qui oserait nier qu'il ne soit mieux dit en prose et en vers: Qu'il soit une amour plus forte que stella-la que je vous porte, que non pas que celle-la que je vous porte?» (VAUGELAS); «Par ma fi, Monsieur, ceti-ci fera justement ce qu'ont fait les autres». (MOLIÈRE, Le Médecin malgré lui). Devant un féminin, on a longtemps dit en France: cte femme-là, cte horloge- là, cte façon-là. Nous avons aussi ctelle-cit (le t final sonne) qui est le féminin de cticit. Ces mots pourraient s'écrire sticit, stila, stella.
CUILLER. Le r sonne et le e est fermé (é). Tous les mots commençant par cu donnent un son chuintant palatal: tchu. C'est ainsi que le mot s'est prononcé à la cour de France durant le XVIe siècle. Les grammairiens du XVIIe siècle ouvrirent le é et proclamèrent qu'il fallait prononcer cuillère. Le changement fut long à s'opérer, la résistance venant du roi, appuyé par Malherbe. Ce n'est qu'en 1740 que l'Académie mit un accent grave sur le e.
CUEILLETTE. Cueillette ne se dit en France que de la «récolte des fruits
|