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DÉJANTER
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DÉMARRER

   DÉJANTER. Enlever les jantes: déjanter une roue. Le mot est dans Cotgrave.

   DÉJOINTER. Déjoindre, disjoindre. Le mot est courant au centre de la France comme ici.

   DÉJOUQUER. Déjucher; laisser le juc (u se prononçait ou), le perchoir en parlant des poules. Les Angevins disent comme nous.

   DÉJUNER. Déjeuner. Déjuner est l'antique prononciation. B. de La Monnoye dans une note à un Epigramme de Saint-Gelais nous l'assure; «Et illec près nous menèrent en lieu bel, cler et près, pour desjuner». (CHRISTINE DE PISAN); «Vingt mille francs, ce dis Bertrand, ce n'est que un desjuner». (Mémoire de Du Guesclin); «Il luy dit qu'il voulait desjuner pour monter à cheval». (BRANTÔME, [Vies des hommes illustres et des grands capitaines], «Le Maréchal de Saint-André»); «Ne se desjuneront nis de un disner, / Einz Ke a Verolame aient fait mener le clerc». (Vie de saint A[l]ban, reproduit par G. Paris); «L'autre ayant prié Dieu et bien desjuné». ([D']AUBIGNÉ). On trouve le mot épelé, très souvent, desjeûner, dans les très anciens auteurs. Cet se prononçait u. Déjeuner ou déjuner, c'est cesser de jeûner.

   DÉLÂBRE (En). En ruine, en état de délabrement: Une maison en délâbre. Nous disons aussi quelquefois, dans le même sens, avec les Canadiens: une maison en démence.

   DÉLIER. Nous disons: délier une paire de boeufs pour les délivrer du joug.

   DÉLUER. Diluer. Le premier est ancien, le second est de formation assez récente. Di-luere a fait délué, comme di-luvium a fait déluge.
   DÉLURÉ. N'être pas déluré, aux Îles-Madeleine, équivaut à n'être pas bien élevé, à être mal poli; et se délurer, c'est apprendre les usages, se déniaiser.

   DÉMAILLER. Dans la langue des pêcheurs, démailler, c'est défaire les mailles d'un filet et, aussi, enlever le poisson des mailles: démailler du hareng, du maquereau. C'était un terme militaire, dans l'ancienne langue, où les chevaliers portaient des cottes [voir ce mot] de maille: «Li blanc hanberc del dos li desmaille et désere». (Elie de S[aint]-Gilles, v. 339). S'entendait le plus souvent pour: rompre les mailles: «Li blanc auberc il a desrot (rompu) et desmaillé». (Fierabras). Arras l'emploie souvent dans ce sens dans le [Roman de] Mélusine. On le trouve aussi dans la Chanson de Roland.

   DÉMAIN (À la). Un objet est à la démain lorsqu'il est mal placé pour la main. Quand il est bien placé, il est amain. Nous disons aussi à la désamain [voir ce mot].

   DÉMANCHER. Littéralement, enlever le manche. Au propre, ce mot n'est à l'Académie que dans ce sens. Nous lui donnons, au figuré, plusieurs acceptions qu'il n'a pas au Dictionnaire. Par exemple celle-ci, conservée de l'ancienne langue: disloquer, déboîter, luxer, se démettre un membre: Il s'est démanché l'épaule en tombant; Il a le pied démanché. Démancher une chose, c'est, souvent, la démonter, la désarticuler: On démanche une machine. Nous trouvons dans Pantagruel: «Démancher toutes les sphères»; «Démancher un heaulme». Montaigne nous met en garde contre son «jugement merveilleusement désmanché».

   DÉMARRER. [Une partie du texte manque] ... Toutes ces tournures de




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.