Ce terme, qui est de la plus haute antiquité française, n'a rien perdu parmi nous de son élégance première. Il est poétique; à preuve, c'est qu'on le trouve dans toutes nos complaintes. «Et la pauvre Isabelle, invisible et dolente, est en prison chez elle». (RACINE, Les Plaideurs, acte I, scène V).
DOLLAR. Monnaie valant un peu plus de cinq francs[-or]. Nos gens disent préférablement piastre. La piastre forte d'Espagne est à peu près de la même valeur que le dollar américain ou canadien. Ce mot est originaire de France. Cotgrave le relève: «The Coyne termed a Dollar», dit-il dans son dictionnaire. Ronsard, dans la préface de la Franciade écrit tallar.
DOLLÉ ou DALLÉ (Couteau). C'est un couteau à doller, le dolleau des Anjouvins [Angevins]: «Outil assez semblable à la doloire des tonneliers», nous dit Verrier [et Onillon] (Glossaire [des patois et des parlers de l'Anjou]). On dit en France planche dollée. Godefroy relève un chevron dollé. Doler, c'est aplanir quelque chose avec une dolaire: «Quand veïz la doleüre / Si suivez ben la dreiture / Ke jo viendrele la nuit». (Tristan, XIIe siècle), Quand vous voyiez les déchets faits par mon couteau flotter au courant de l'eau, vous saviez bien que je viendrais la nuit (voir couteau dallé).
DOLOIRE. Hachette de tonnellier.
DOMINION. Le nom anglais donné, en 1867, aux provinces canadiennes unies en Confédération, fut Dominion, traduit en français par Puissance. Aujourd'hui nous disons le plus souvent comme les Anglais: Dominion, le Dominion du Canada, et nous avons raison. Dominion est un mot de la vieille langue, condensé du latin dominationem: «Troye la grant, Babiloine, / Yloin Et Nynive la grant,
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Roume gastée, / Furent jadis en grant dominion, / Qui aujourd'huy n'ont pays ne contrées». (DESCHAMPS, vol. III, p. 137).
DOMPTE. Adj. Dompté. Nous disons: Ce poulain était dompte à deux ans; Ne crains pas, ce cheval est bien dompte; «Notre espervier sont bien trop donte / Que vous n'iestes, c'est véritiez». (RUTEL, Nouvelle complainte d'outre-mer). Se dit domde en roman.
DORENAVANT. Adv. Dorénavant. Froissart ayant écrit (c'est peut-être une erreur du copiste) dorénavant, l'Académie française a maintenu le é avec un accent aigu. Dorenavant est la forme première: «Dore en avant nous serons compeignon». (Ronc[evaux], p. 140).; «Il voulait que dès lors en avant fussent tuit un». (JOINVILLE).
DORIS. Petite embarcation à fond plat, montée par deux pêcheurs. Correspond au flobard des pêcheurs de la Manche. M. James Geddes attribue au mot doris, le doré des Canadiens, dorey en anglais, une origine indienne. Laquelle?
DOS D'ÂNE. Arrête au milieu d'une planche labourée, formée par la juxtaposition des deux premiers oreillés retournés par la charrue.
DOUCEUR. Sucre, mélasse, friandise: Mettez de la douceur dans votre thé; Pasez-moi la douceur, s'il vous plaît. Manger des douceurs, c'est manger des choses sucrées. Les paysans du centre de la France portent des douceurs, c.-à-d., des friandises aux malades qu'ils visitent. Nous disons: adoucir le thé, pour le sucrer. On lit dans Lescarbot: «Ceux qui portent (en voyage) des douceurs, soit de chairs ou de fruits». Et dans Corneille ([La] Suite du Menteur): «Ac-
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