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EMPAUVRIR
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EMPLAYER

cas. Patte est apparenté à l'anglais foot.
   Comme il est arrivé à la cour de nos rois pour les courtisans, ce n'est pas toujours le mot le plus apte qui est entré dans la langue officielle, mais celui qui pouvait se réclamer de quelque quartier de noblesse linguistique. Une racine grecque ou latine suffisait, le plus souvent, pour anoblir le mot et lui donner accès au Dictionnaire.
   Une planche empatte, overlap, comme disent les Anglais, sur une autre planche, soit par le bout, soit par le côté, lorsqu'elle la couvre en partie: Faites empatter vos bardeaux plus que ça, c.-à-d., avancez-les un peu plus l'un sur l'autre; N'empattez pas trop les plis de cette étoffe, la robe est déjà trop étroite.
   Dans le passage suivant: «Deux contrepilliers dehors pour contreforter les pignons antix comme ceux dehors, et empater les pignons». Godefroy explique empater par «fixer avec des pattes». Décidemment il ne connaissait pas le sens que les Acadiens donnent à empater. C'est la véritable signification de ce terme.
   Dans la Comédie humaine de Le Breton (p. 119), nous lisons: «La machine supérieure avance trop et emboîte celle dans bas». Nous dirions: Et empatte celle d'en bas. «Je crois qu'ils ont débordé les anciennes limites». (BAZIN, Les Saveurs du vin blanc). Je crois qu'ils ont empatté sur les anciennes limites, dirait un Acadien. En provençal: empaltar, enpentar.

   EMPAUVRIR. Appauvrir. Ce mot appartient à la vieille langue: «Donner pour Dieu n'empauvrit homme». (Cité par Godefroy). On trouve aussi empovri, pour tombé dans la pauvreté.

   EMPEURÉ. Avoir peur. Ne s'emploie guère qu'au participe passé: Il est tout empeuré. Nous avons aussi épeurer (V. [forme] a.), qui s'emploie à tous les temps, avec la signification de faire peur: Épeurer quelqu'un,
c'est lui faire peur: Avec son masque: il m'a épeuré; Il m'épeure avec ses cris.

   EMPIÉGER. Prendre dans un piège. Le mot est dans Monet, Nicot, Oudin, Cotgrave, etc. Les paysans de France l'emploient comme nous.

   EMPIGEONNER. Ensorceler, jeter un sort, soit aux personnes, soit aux animaux.
   Un animal empigeonné est un animal sur lequel un sort a été jeté.

   EMPIOCHE. Emplâtre, niais. C'est un empioche (enpioche): «Ce garçon raisonne comme un pioche». (FLERS, Miguette).

   EMPLÂTRE. L'Académie ne le donne que comme substantif. Nous l'employons aussi comme adjectif: Il est bien emplâtre, sans habileté, niais.

   EMPLAYER ou EMPLEYER. Employer. On trouve souvent emplayer pour employer dans la vieille langue: «Or vei je bien que mes omages / Est en tei mout bien empleiez». (Roman de la Rose, v. 10387); «Empleia le com il mieux pot». ([Le] Roman de Thèbes); «Tout le tel bois a esté emplaié en la tour Saint Flo». (Cité par Godefroy). On trouve empleit, 3e personne du subjonctif présent au verbe emplèir dans La Chanson de Roland.
   Nous disons: C'est bien empleyé, pour c'est bien fait, c'est bien mérité; Ils l'ont mis à la porte; c'est bien empleyé pour lui; «Dame, c'est ban employé». (11e Conférence).
   Cette locution se rencontre fréquemment chez les vieux auteurs: «Ce serait bien employé, Monsieur, si vous estiez emprisonné». (MARGUERITE [DE VALOIS], L'Hept[améron], 70e nouvelle); «Et les voyans si grands demandeurs... les plantoient là, ainsy qu'il estoit bien employé». (BRANTÔME, [Vie des] dames galantes); «Poussez c'est moi qui vous le dis; ce




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.