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ENTRETIENDRE
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ÉPÂRER

tout entravers, pour c'est une personne qui n'est jamais d'accord avec les autres.

   ENTRETIENDRE. Entretenir. Nous disons tiendre pour tenir.

   ENVALER. Avaler.
   Avaler vient de ad vallum, vers la vallée, en bas; et envaler de in vallum, dans la vallée, à moins que l[e] n ne soit une lettre adventice, ce qui est possible.
   Envaler s'entend dans le centre de la France.

   ENVARGNER. Se vêtir à la hâte: Envargne ton quatre-poches et va-t-en à l'école. Entendu à la Baie-des-Chaleurs, Nouveau-Brunswick.

   ENVASER. Terme marin. S'enfoncer dans la vase: une chaloupe envasée; «Estant une fois envasé en engagé parmy eux». (BRANTÔME).

   ENVELIMER. Envenimer. Les deux se sont dits, de tout temps, et aussi enverimer, envrimer, dans les parlers dialectaux de France.
   On trouve envelimer dans la langue, antérieurement à envenimer: «Et peires (père) fut de la menzonge quant l'envelimeie semence de sa falseteit gittoit en l'omme». (S[aint] Bernard [de Clairvaux ou Sermons de saint Bernard], XIIe siècle); «Sa personne pour moy fut envelimée». (VILLON, Ballade de la France).
   On trouve également veliner en vieux fr[ançais] pour empoisonner. Vérin s'est dit pour vénin.
   Formé sur in venenum (voir Velimeux). L[e] n médial s'est changé en r en Bourgogne, en Picardie, en Provence. En Berri, en Touraine et en Normandie, il s'est changé en l.

   EN VEUX-TU, EN V'LÀ. À profusion, en grande abondance: Il y en a en veux-tu, en v'là. C'est du français dialectal.
   ENVIRONS (Aux). Nous disons: Il est aux environs de la grange. Nous disons aussi: Il est environ de dix heures. Environ de et d'environ de: des prépositions.
   Littré nous avertit que «aux environs ne se dit que de l'espace et non du temps». La distinction est subtile. En tout cas, l'avertissement nous arrive trop tard.
   À l'Académie, environ employé comme préposition, signifie vers: environ le mois de mai.

   ENVIROUNER. Environner. On trouve envirouner dans la Vie de s[aint] Gilles (v. 1743).

   ENVOLÉE. Action de s'envoler: Il a pris son envolée; Cet ouvrage est d'une belle envolée. Quoique absent de l'Académie, le mot est entré dans la littérature.

   ENVOYER. (Prononcé enwayer). Se dit quelquefois pour chasser: envoyer les mouches; envoyer le chien.

   ÉPÂRÉ. Répandu, épars (voir la dernière partie du mot précédent [suivant]).

   ÉPÂRER. Épandre, étendre: épârer du grain dans l'aire; épârer du fumier dans les champs; épârer du linge sur une corde; Il s'est épâré par terre de tout son long; épârer du beurre sur son pain; épârer un tapis.
   Toutes ces expressions sont courantes, en Acadie. Elles l'étaient aussi dans la vieille langue; les écrivains de l'empremier ne se font pas faute de les employer ou d'en employer d'équivalentes. On peut citer par douzaines les auteurs du XVIe siècle qui s'en sont servis. Ils lui donnent même, quelquefois, des acceptions que nous ne connaissons pas: «Mon oeil s'espart au travers de la porte». (MAROT, [Poésies, «Le] Temple de Cupido»); «Je vois le ciel du Cousté de la transmontagne qui commence à s'espârer». (RABELAIS, liv. IV, chap.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.