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ÉTATS-UNIS
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ÉTRANGE

   Signifie aussi en bonne santé. «Et j'en serai plus libre et bien plus en état», dit le lion dans: Le Tribut envoyé par les Animaux à Alexandre [Fables] de La Fontaine.

   ÉTATS-UNIS. Nous prononçons, ou plutôt nous prononcions Éta-unis, comme le peuple a prononcé le mot en France, jusqu'à ces derniers temps sans [la] liaison du s.

   ÉTÉ-DES-SAUVAGES. Correspond à l'été de Saint-Martin, en France.

   ÉTEINDRE. Ce mot a plus d'extension, ici qu'il n'en a au Dictionnaire: Avec cette carabine, je peux éteindre un orignal à quatre cents pas, me disait un chasseur un peu vantard.
   On disait, aux XVIe et XVIIe siècles, éteindre la vie pour tuer: «Si le duc est vivant, qu'elle vie ai-je éteinte?» (ROTROU, Venceslas); «Il y eut bien deux cents personnes mortes et éteintes». (JUV[ÉNAL DES URSINS], Hist[oire du règne] de Charles VI [depuis 1380 jusqu'en 1422]).
   «Elle a toujours froid aux pieds; à neuf heures du soir, elle est toute éteinte». (SÉVIGNÉ, Lettres, VII, p. 288); «Es-tranglés, meurtris ou estains». (Perceval); «Vos peschez sont esteints». ([D']AUBIGNÉ, [Les Tragiques], «Jugements»); «Plusieurs y estoient sufforqués et estains». (La Fille du comte de Pontieu).
   Éteint ici est un latinisme.

   ÉTENDRE. Se dit d'une manière absolue pour étendre le linge: Le soleil va paraître; il fera beau pour étendre.

   ÉTOFFE DU PAYS. Étoffe de laine, tissée à la maison, dont les hommes confectionnaient leurs hardes, c.-à-d., leurs capots et leurs culottes (pantalons).
   Petite étoffe: étoffe simple, tout laine.    Étoffe foulée: qui a passé par le foulon.
   ÉTOILE À GRAND'QUEUE. Comète.

   ÉTOURMI. Agité, dissipé, espiègle.
   Le mot s'applique surtout aux enfants: «N'y a meilleur remède de salut à gens estormiz et recreux que de espérer salut aulcun». (RABELAIS, Gargantua). On trouve le mot dans d'autres auteurs, entre autres [dans] Wace. Même radical que l'anglais storm.

   ÉTRANGE. Étranger, nouveau.
   Ce mot a eu, jusqu'à l'apparition du Dictionnaire de l'Académie, et après, divers sens qu'il n'a plus dans la France littéraire et que nous avons conservé: Il n'y a rien d'étrange par chez vous? Ou bien encore: Vous n'avez rien d'étrange? signifie: Y a-t-il du nouveau par chez vous? Je me sens à l'étrange ici veut dire: Je suis ici comme chez des étrangers.
   Bossuet donne souvent au mot étrange le sens que nous lui donnons ici.
   «En pays étrange». (LA BOÉTIE); «Trois guerriers inconnus, de nation étrange». (RONSARD, Mascarades, [combats et cartels]); «Saint Alexis est el ciel, senz doutance, / Od la puccle dunt il se fist estrange». (dont il se tint séparé) (Vie de saint Alexis); «Soupirant en terre estrange». (ADAM DE LA HALLE); «Les nations estranges s'ébahissent de la patience des Roys de France». (RABELAIS); «Estant en pays estrange». (BRANTÔME, [Vies des hommes illustres et des grands capitaines], «De Brisson»); «Et jusqu'aux pays étranges / Je darderay tes louanges». (RONSARD, Odes, liv. I); «Aux terres étranges». (RACAN); «Ne soyez pas plus étranges que si vous estiez chez vous». (SOREL); «Les nations étranges». (DU VAIR); «Le chevalier estrange mande (Il demande le chevalier étranger). (CHRÉTIEN DE TROYES); «Ceux qui ont voyagé en pays étrange». (AMYOT); «Messire Jean, est-ce quelqu'un d'étrange?» (LA FONTAINE, [Contes et




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.