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FAÎT
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FÂMEUX

neuve: défricher; Ça fera: ça suffit. Anglicisme: That will do, Il m'a fait ce cheval cent piastres: il m'en a demandé cent piastres; Se faire aller: expression vulgaire pour se démener, se hâter; Pour bien faire, je devrais y aller: il faudrait que j'y aille; Faire naître; il m'a fait naître que: il m'a laissé à entendre que; faire ses choux, comme dans cette phrase de Mme de Sévigné: «Il vous conseille de faire vos choux gras de cette homme à qui vous trouvez de l'esprit». Il se fait tard: la soirée, la nuit est avancée.
   La conjugaison du verbe faire n'est pas tout à fait, en Acadie, ce qu'elle est à la grammaire de l'Académie. Je ne parlerai pas du je pluriel, je fesons, puisque j'ons et j'avons se rencontrent dans la conjugaison de tous nos verbes.
   À l'imparfait, c'est je fesais et non pas je faisais que nous disons. Nous disons fesant, au participe présent, comme le voulait Voltaire, et non pas faisant. Le peuple parisien prononce fesant, dit Ménage.
   Le préterit simple donne il fesit plus souvent que il fit, quoique nous employions les deux formes.
   Fesit appartient à l'ancienne langue: «Que Rollanz Guenelon fors fesist» (quoique Roland ait fait du mal à Ganelon). (Ch[anson] de Roland).
   Le vieux français avait aussi tu disis pour tu dis.
   Au subjonctif, c'est: que je faise, que tu faises, qu'il faise, etc. Les verbes plaire, taire, ne se conjuguent pas autrement dans Noël et Chapsal [Nouveau dictionnaire de la langue française].
   «Li rois Dolopathos Commande / Qu'il n'i ait nul ki noise faise». (Dolopathos). Faisiez vient de factiatis, pour faciatis, qui a donné fassiez au français grammatical orthodoxe. L'impératif est celui de Noël et Chapsal: fais, faites.

   FAÎT. Faîte, sommet, le haut d'une chose: Le faît d'une maison, d'un arbre, d'une échelle; on dit même le faît
d'un puits; «Toutefois l'eau plus haute couvre le fest et par dessus luy saute». (MAROT).
   Les paysans du centre de la France disent comme nous: faît et non faîte. Ils disent même: le fin faît pour l'extrême hauteur.

   FAIT. (Comme de). Le t sonne. Loc. adv. En effet, assurément. C'est surtout dans les narrations, dans les contes que cette expression s'entend le plus communément.

   FAITUCHON. Capuchon.

   FALLE. Jabot des oiseaux: Ce pigeon à la falle blanche. Les poules ont la falle pleine, veut dire: ont assez mangé, sont gorgées de nourriture.
   Par extension, poitrine de la femme. Avoir la falle à l'air, c'est avoir la poitrine découverte, être décolleté.
   Au figuré, avoir la falle basse, c'est être découragé, abattu, avoir grand faim.
   Une falle de chemise, c'est le jabot d'une chemise: une falle de chemise bien empesée.
   En Normandie, fallue est un gâteau qui remplit la falle.
   «Mais ayant un peu sommeillé / Et de vin ma falle mouillé». (Chanson normande); «S'il désiroit oindre sa falle / De bon vin autant que moi.» (BASSELIN, Vaudevires).
   On rencontre souvent le mot falle dans les Vaudevires de Le Houx. Paraît venir de l'islandais hals. (voir affalé).

   FÂMEUSEMENT. Adv. D'une manière fameuse, excessivement: Ce sirop est fâmeusement bon.

   FÂMEUX. L[e] a prend un accent circonflexe. [Le] Littré, au mot fameux, fait observer que «fameux n'a pas d'accent, parce que l'a n'y est pas long». Faisons observer, à notre tour, que l'ancien français avait fâme, d'où l'adjectif fâmeux est tiré, avec un accent grave. Une variété de pommes




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.