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FAUFIL
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FENDRE

   FAUFIL. «Fil employé pour aider à faire une couture ou pour empêcher une doublure de se déranger, et qui ne doit pas rester». (LITTRÉ).

   FAUFILAGE. Passage au faufil.

   FAUMES. Les feuilles de blé d'Inde, de pomme de terre, de navet s'appellent faumes.
   On trouve dans Cotgrave: «Feuillaume: A bunch of leaves».

   FAUSSE. Entre dans plusieurs mots composés: fausse-porte: contre-porte; fausse-sangle: sous-ventrière de cheval; — fausse-gorge: attachement qui va du nez à la gorge dans le harnais d'un cheval.

   FAUT-IL? (Prononcé: fau-ti!).
   Exclamation exprimant la pitié, l'étonnement: Faut-il qu'il soit malchanceux! Faut-il qu'il soit patient pour l'endurer!

   FAUTIF. En faute, coupable. Se dit des personnes: un homme fautif.

   FAUX-GOT. Trachée-artère. Fausse-gorge en Anjou (voir got).

   FAUX-MANCHE. Manche de faux ou plutôt manche-à-faux, comme nous disons. C'est un vestige de l'ancienne déclinaison, un génitif français sans flexion.

   FAYOT ou FAILLOT. Haricot. Haricot est un mot de formation assez récente, datant du commencement du XVIIe siècle si l'on peut en croire Genin. Faillot date de toujours:
   «Ce mot de caserne et de collège, adopté par la langue vulgaire», comme le dit avec un mépris à peine déguisé M. Dauzat. Les Acadiens l'ont pris en Touraine et l'ont transplanté en Amérique, leur nouvelle patrie, leur nouvelle France. C'est un mot de race, nonobstant le peu de cas qu'en font messieurs les Académiciens. La vieille langue populaire le connaissait et l'employait, à côté de favérole, de
faséole, faciol, phaseole et de faviau. Seulement elle l'écrivait faillot. Peut-être devrions-nous l'écrire comme elle. De faséole à faillot la distance n'est pas grande.
   L'Académie a flageolet, qui n'est qu'une déformation de notre fayot, et qui s'écrivait faseolet à l'origine. Flageolet et faséolet sont des diminutifs. On mange, aujourd'hui encore, des flageolets ou des haricots flageolets, à Paris même.
   On dit dans la marine de France qu'on double le cap fayot, quand il n'y a plus de provisions fraîches et qu'on en est réduit à vivre de biscuits secs et de fayots.
   Ce légume bienfaisant s'appelle fagole à Genève; fiajole à Lyon et, à Cambrai, fagole. Les ouvriers de Paris l'appellent et le prononcent fayot, seulement les scribes épellent le mot fayol.
   Le fayot diffère de la fève. Mûr, il fournit un fruit beaucoup plus petit. On le rame [le fayot], ce que la fève ne souffre pas, et puis il se mange vert avec sa cosse.
   D'où vient le mot? Cela n'a guère d'importance, mais je suis porté à croire que nous l'avons pris à Marseille, la phocéenne, ce qui lui donnerait pour patrie d'origine la Grèce, où phaseolos signifie haricot, c'est-à-dire fayot ou faillot.

   FEIGNANT. Fainéant. Le mot vient-il de fait néant comme on le croit généralement ou de fingere, feindre, comme l'assure Génin. Laissons les savants disserter. Feignant appartient à la vieille langue, où il était prononcé feniant.

   FENDABLE. Qui peut se fendre: Cette bûche n'est pas fendable.

   FENDAGE. Action de fendre du bois. On trouve le mot dans Les Maîtres sonneurs de G. Sand.

   FENDRE. V. n. Nous disons indifféremment: Ce bois fend ou se fend bien.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.