rement fendue par le fram en minces éclisses. Celles-ci vont au chevalet, seconde opération, pour recevoir la forme d'un bardeau, lequel est plus tarve (mince) à une extrémité qu'à l'autre. La dernière touche est donnée par le couteau-deux-manches. Il y a apparence que le fram se rattache à la «framée à deux tranchants» des soldats de Pharamond, dans les Martyrs de Chateaubriand. En tout cas, le mot et la chose remontent aux Francs.
FRANC. Placé avant son substantif, franc est un vocable presque cabalistique. Il entrait autrefois, bien plus souvent qu'aujourd'hui, dans les mots composés. Nous trouvons encore, il est vrai, à l'Académie: franc-arbitre, franc-tenancier, franc-de-port, franc-alleu, franc-tireur, franc-maçon, franc-étrier, franc-parler, etc., mais nous n'y trouvons plus franc-jeu, franc-deniers, franc-hommes, franc-salé, franc-bois. La marine vient à la rescousse avec franc-bord, franc-filin, franc-funin, etc., mais ces termes de métier ne sont jamais entrés dans la langue officielle. Le parler populaire fait aussi bonne résistance avec francoeur, francueil, franlieu, Franqueville, par exemple, que nous trouvons en Berri. Les Normands disent franc-blé pour le meilleur blé. Le blason a gardé franc-cantin et le droit coutumier, franche-vérité. C'est dans le parler argotique que franc a conservé le plus de relief. Mis avant le substantif — et il l'est à peu près toujours — c'est un augmentatif. Chose assez curieuse, Bossuet lui donne le même attribut: «Le nom de franc-arbitre, dit-il (Histoire des variations [des Églises protestantes]) est un nom qui n'appartient qu'à Dieu». Nous avons, en Acadie, le franc-bois et le bois franc. Il existe une légère différence entre ces deux combinaisons de mots. Les bois-francs, c'est la forêt; ce sont les bois debout: hêtres, érables, bouleaux, merisiers, tou-
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tes les essences de bois dur. Du bois franc, c'est le même bois, coupé en billes et bon à mettre dans l'âtre ou le poêle ou servant à la menuiserie: «Les arbres qui croissent naturellement ces bois sont appelés sauvages; et estant transplantés, on les appelle francs». (PALISSY). Nous disons: franc de collier et les Canadiens franc dans le collier. Villon a franc au collier et les poètes du XVIe et XVIIe siècles, francs du collier. «Il faut voir sur-le-champ si les vice-baillis / Sont si francs du collier que vous l'avez promis». (REGNARD, Le Joueur, acte III, scène XIe).
FRANÇAIS DE FRANCE. Jusqu'à la Confédération des provinces canadiennes (1867), les Acadiens s'appelaient entre eux Français, et non pas Acadiens. Était Français tout ce qui parlait français. Seulement, pour distinguer, ils disaient: Français du Canada, Français de France. Un Français de France était, et est encore, un Français natif de France. On a dit, anciennement, un franc de France.
FRASIL, FRAZI ou FRAZZI. Glace qui prend au fond de l'eau. Jaubert définit frasil: «Poussière ou menues parcelles de charbon restant sur les places à fourneau dans les forêts»; «On appelle frazzis une légère couche de glace à moitié congelée et ressemblant à un mélange de neige et d'eau qui se forme le long du littoral des Îles-de-la-Madeleine, à l'automne». (CARBONNEAU, Îles-Madeleine). Les Acadiens du Nouveau-Brunswick appellent salange, «cette couche de neige à moitié congelée et ressemblant à un mélange de neige et d'eau».
FRAUDEUX. Fraudeur. Se dit aussi pour frauduleux: «Par marché et contrat fraudeux et mauvais». (Rapporté par Godefroy).
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