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GARGOUILLER
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GASPIL

Dictionarie of the French and English Tongues] de Cotgrave (fin du XVIe siècle) en relève un certain nombre: gargamille, garganton, gargantua, gargarçon, gargate, gargoule, gargouillis, gargouillon, gariot, etc. Nous en avons plusieurs, en Acadie, qui n'ont plus cours en France: gargousser, gargousset, engargoter, gargote, gargousse. Enfin le Dictionnaire de l'Académie fournit, lui aussi, son contingent.
   Un mot qui, sans qu'on puisse le contester, appartient au radical gar-, c'est gar-gar-iser. Inutile, ici, de recourir au grec. Gargariser, gargarisme, c'est l'onomatopée gar, par deux fois répétée, comme pour tenir en suspension et prolonger le bruit du liquide qu'elle imite, avec une terminaison verbale également imitative. Cette onomatopée, cette voix imitative, qu'on remonte jusqu'à la genèse des langues indo-européennes, on la côtoie du bas jusqu'au haut de l'échelle. Le haut de l'échelle est tenu par gar- lui-même, radical monosyllabique, comme got, auquel il s'unit par affinité: «Les mots gargaton, gargoton, gorgoton, se disent indifféremment dans nos parlers populaires (canadiens) pour désigner le gosier, l'oesophage, la trachée-artère, la gorge, ou la pomme d'Adam». (GEOFFRION, Zigzags [autour de nos parlers]).

   GARGOUILLER. «Produire un bruit semblable à celui d'une gargouille». (GODEFROY). Cette définition nous convient.

   GARGOUILLIS. Bruit de liquide entendu surtout dans la gorge.

   GARGOUSSE. (?)

   GARGOUSSER. (?)

   GAROCHAGE. Action de garocher (voir ce mot).

   GAROCHER. Proprement, jeter,
lancer des garrots: «De grands garros et pierres des Canons». (DESCHAMPS, vol. IV, p. 272).
   La vieille langue avait rocher et arocher dans le même sens. Roche s'est dit en vieux français et se dit encore en Acadie pour pierre à lancer: «A l'arocher qua fait coart / En a crollé le chief Renart». (Roman de Renart).
   Se garocher, c'est se jeter mutuellement des pierres.
   Par extension, on garoche n'importe quoi à la tête de quelqu'un.

   GAROUAGE. Vagabondage: être en garouage, aller en garouage. Le mot se trouvait dans les premières éditions du Dictionnaire de l'Académie. [Se prononce galouage dans certaines régions.]
   Le garouage est proprement l'acte de courir le garou ou guilledou.
   Radical: garou, d'où loup-garou: «Que Jupiter était en garouage, / De quoi Junon était en grande rage». (LA FONTAINE).

   GAROUILLER. (?)

   GAS. Gars. Le r de gars ne se prononce pas, ne s'est jamais prononcé, parmi le peuple de France. Seuls, les maîtres d'école et quelques Académiciens le font sonner: Cesse de courir, mon petit gas; C'est un bon gas; le gas de Jean (son garçon).
   Gas ou gars est un nominatif et garçon un accusatif: «Le masle est gars à quatorze ans, et la femelle à douze ans». (Ancien dicton).
   Mot d'origine celtique.

   GASPAREAU ou GASPAROT. Le allwives des Anglais.
   Poisson d'eau salée, de la grosseur d'un gros hareng. Fraie dans les baies et rivières, après que le hareng y a passé.
   Le mot est dans N. Denys et dans La Hontan.

   GASPIL. Gaspillage. Les deux se disent.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.