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GOULÉIR
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GRAIN

   GOULÉIR. Être appétissant: Une jeune fille gouléiante donne envie qu'on la baise sur la goule.

   GOUME. Baume du Canada, gomme.

   GOURGANE. Fève des marais en français. L'on m'assure que gourgane signifie aussi bajoue fumée dans la province de Québec.

   GOURGOSSER. Glousser.

   GOUSPILLER. Se dit, dans certaines localités, pour houspiller.

   GOÛT. Se prend quelquefois en mauvaise part: Ce poisson a un goût, c.-à-d., un mauvais goût; Je trouve un goût à ce beurre.

   GOÛTER. Avoir un mauvais goût: Ce beurre goûte le rance; Cette eau goûte l'huile; Ça goûte le vinaigre.

   GOUTTE. Prendre une goutte, c'est prendre un petit verre de spiritueux.

   GRABOT. Grappe, le contenu de l'épi: grabots de sarrasin; Ce sarrasin a de beaux grabots.
   Nous disons aussi: grabot de noisettes.
   L'ancien français avait grabeler pour éplucher. Littré donne grabeau, comme terme de pharmacie.

   GRABOUIL ou GRIBOUIL. Grabuge: Catherine de Médicis fut très aise que soubs le grabouil et rumeur d'armes, elle fut en sauveté». (BRANTÔME).

   GRÂCIEUX (Mal). Qui n'est pas grâcieux, dont l'humeur est acariâtre. La Fontaine parle, quelque part, dans La Confidente [sans le savoir, ou le stratagème], je crois, d'un «époux malgracieux».

   GRACUL. «Gratte-cul, nom vulgaire de l'églantier». (GODEFROY);
«La rose à la parfin devient un gratecu». (RONSARD, Blanchemain); «Les grâces et la beauté de la princesse d'Harcourt étaient tournées en grattecul». (SAINT-SIMON).
   Du latin crataegus, églantier. Gracul ou gratte-cul est de formation analogique.

   GRAFIGNER ou GRAPHIGNER [aussi égrafigner et égraphigner]. Égratigner, griffer.
   On trouve graphigner et égraphigner dans les vieux auteurs: «Égraphigner, c'est le même mot que gratigner». (MÉNAGE); «Monsieur le Roy, il n'y a plus moyen que je vous puisse graphigner». ([D']AUBIGNÉ); «Et l'un et l'autre graffignent avec leurs pattes et griffes». (COMENIUS); «Ils lui graphinoient le nez». (RABELAIS); «Item à Jacques Raguyer. / Je laisse l'abreuvoir Popin / Pour ses pauvres soeurs graphigner». (VILLON, [Lais ou] Petit Testament, verset XXe); «Ceux qui ne sont point accoutumez qu'au parler de ceste ville (Paris) où l'on ne dit point autrement que graphigner ou égraphigner, n'entendroyent pas le graffiare dont use Boccace». (H. ESTIENNE, Precellence [du langage françois]); «On ne dit point autrement que graphigner et égraphigner». (R. ESTIENNE).
   Le Bulletin du parler français [au Ca-nada] de Québec n'aime pas graphigné: «Disons la chatte m'a griffé, plutôt que la chatte m'a graffigné», dit-il dans sa livraison du 15 novembre 1915, p. 144.
   «Je grafignerai la terre avec mes graphes». (FÉVAL, Châteaupauvre).
   Griffer, graphigner, égraphigner, égratigner se rattachent au même radical qu'on trouve presque sous la même forme en sanscrit, en hébreu, en grec, en latin, en celtique, en haut allemand.

   GRAFIGNURE. Égratignure.

   GRAIN. Reçoit, ici, tous les emplois qu'il a au Dictionnaire, celui-ci




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.