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HACHETTE
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HAIRAGE

taillant est plus grand que celui d'une hache ordinaire. Palsgrave traduit le mot par dolovere (doloire).
   La locution être à la hache s'entend pour être réduit à la dernière misère; proprement, à n'avoir plus que sa hache pour vivre.

   HACHETTE. Par analogie, le mot en est venu à signifier jaquette dans certaines localités.

   HACHIS. Nos pêcheurs appellent hachis une sorte de bouette faite de harengs hachés menu, et dont ils se servent pour la pêche au maquereau.

   HADÈQUE. Sorte de morue. Pris de l'anglais haddock.
   On trouve hado dans le parler populaire de France.

   HAIM. (Prononcé ain). Hameçon: «Je veux mourir pour tes beautez, maîtresse, / Pour ce bel oeil qui me prit à son hain». (RONSARD, Amours, liv. I).
   Cet hain qui prit le coeur de Ronsard rappelle ce sermon d'un curé de campagne qui, s'adressant aux coquettes: «Vos yeux, dit-il, sont des crochets d'enfer».
   «Pisces hamo ducere», a dit Ovide.

   HAÏR. Je haïs; tu haïs; il haït; nous haïssons, etc. Nous mettons un tréma à tous les temps et modes du verbe, et en cela nous avons sur qui nous appuyer. Ménage affirme qu'au XVIe siècle l'usage à Paris était de prononcer je haïs tout comme vous haïssez, et Robert Estienne (p. 67) nous dit que je haï, de odi, était de deux syllabes.
   On disait même haïne pour haine: «Bien lui monstra Constance qu'à lui n'a pas haïne». (Berte [aus grans piés], CLVI).

   HAIRAGE ou HÉRAGE. Race, lignage en parlant des animaux et même, par extension, des humains. Voici un mot parfaitement constitué qui manque à la langue de Rostand.
Les écrivains contemporains le rendent le plus souvent par pedigree, une horreur exotique, formé, dit-on, sur pied-de-grue. Le prototype de hairage est le latin herem, avec ce qu'il faut en plus pour donner le suffixe -age.
   On en fait remonter le radical au sanscrit har. Ceci n'a guère d'importance. La jurisprudence a conservé hair et hairie. Pourquoi ce mot nécessaire, qu'on retrouve plein de sève en Acadie, n'est-il pas franchement entré dans la langue officielle? On le côtoie partout dans l'ancien parler. Thibaud IV donne aire comme synonyme de race, de famille; ailleurs on trouve ayer avec le même sens. «Les haires ne rendent pas toujours hères (semblables à leurs pères) ceulx qui les portent», nous dit Montaigne.
   Rabelais, auquel il faut toujours revenir, quand on scrute les origines véritables de la langue, emploie en toutes lettres, dans son Gargantua, l'expression acadienne: «Et dict-on qu'en Bourbonnoys encore dure l'éraige».
   Cotgrave également constate l'existence de ce mot, à la fin du XVIe siècle, en France: «Éraige: m. An ayre of Hawkes; or, as Herage; whence: En est-il encore de l'éraige? what is there left of the king of them?» Et ailleurs, du même auteur: «Herage: an airie of hawkes, and hence: a brood, kind, stock, linage».
   Ceci fait voir que, à la fin du XVIe siècle et après, le mot éraige ou hérage était reçu comme terme de fauconnerie. Or, en terme de fauconnerie on disait: être de bonne aire, être de pute aire, c.-à-d., de bonne ou de mauvaise race.
   L'origine du mot débonnaire a donné bien de la tablature aux étymologistes. Littré dit: «Débonnaire, mot composé de bon et aire». Il ajoute: «Quand J. Bruyant dit qu'un homme débonnaire est un homme issu de bon aire, il donne l'étymologie et le sens du mot qui, signifiant d'abord race, s'est particularisé en celui de doux, bienveillant».




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.