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HEURT
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HONTE (AVOIR)

cien français. On trouve de grande heure dans Saint-Simon.
   Nous disons: une heure de temps: «Et les chiens et les gens / Firent plus de dégat en une heure de temps / Que n'en auraient fait en cent ans / Tous les lièvres de la province». (LA FONTAINE).

   HEURT. Le t final sonne: «Heurt a conservé jusqu'au milieu du XIV siècle le t final». (ROSSET).

   HIDROUX. Mon cheval a le poil hidroux signifie: le poil sec, plein de poussière, en mauvaise condition.
   Se dit aussi, par extension, des personnes: Il a les cheveux hidroux pour hirsutes.

   HIENDEAU. Guindeau. Terme de marine. Petit treuil attaché à une goélette et servant au chargement.

   HIER. Nous disons: Avant-z-hier, pour avant hier. Le z est un tampon plus moelleux que le t. L'autre avant-z-hier, c'est le jour d'avant hier.
   Dans l'ancienne langue, hier était monosyllabique. Le copiste de Floire et Blancheflor écrit autr'ier.

   HIVERNAGE. Littré nous dit que c'est un terme de marine appliqué aux bâtiments. C'est surtout un terme terrien en Acadie: J'ai assez de foin pour l'hivernage de mon cheval; «Ils (les colons de l'Acadie) se bâtirent des habitations pour servir de refuge pendant l'ivernage». (LESCARBOT).

   HIVERNANTS. On appelle ainsi, au Labrador, les oiseaux couvés sur place et qui y passent l'hiver.

   HIVERNER. Nourrir, durant l'hiver, en parlant des animaux domestiques: J'ai hiverné cinq vaches l'année dernière; J'ai assez de paille pour hiverner mes boeufs. Le vieux français avait enverné. L'on dit, en France, hiverner des vers à soie. «Bues mal ivernez / En mars est lassez / Si chiet
en la roie». (De Marco, rapporté par Godefroy).
   En certains départements de France on dit estiver les bêtes, pour les nourrir durant l'été. L'Académie dit: «Quiverner les terres, c'est leur donner un dernier labour avant l'hiver». Cet emploi du mot nous est totalement inconnu.

   HONNÊTETÉ. «Le latin dans les mots brave l'honnêteté», nous dit Boileau. Le français (dans les mots brave), de bonne compagnie lui veut «être respecté». Aussi avons-nous un certain nombre de termes courtois et chastes, sortes d'euphémismes d'images risquées que nous substituons aux mots crus. Ainsi jabot se dit pour sein — le contenant pour le contenu — déboire, gâter de l'eau, pour l'uriner. Un boeuf de garde, un mâle entier, sont des euphémismes. Belette se substitue à un mot cher à messire Rabelais.
   Pour tout ça, les Acadiens ne sont pas prudes. Ils ont apporté de la Touraine des chansons qui seraient des ornements dans Pantagruel ou Gargantua.

   HONNEURS. Être dans les honneurs, c'est être parrain ou marraine.
   On appelle, absolument, les honneurs en France certaines grandes cérémonies telles que le sacre des rois et aussi leur baptême. C'est sans doute de là que notre locution est sortie.

   HONTE (Avoir). Loc. Être intimidé: Je n'ose pas entrer, j'ai honte; J'ai honte de me montrer dans l'état où je suis; Cet enfant a trop honte pour parler. Ceci marque une nuance que je ne trouve pas à l'Académie.
   «Elle (Marguerite de France) les recevait avec un tel recueil qu'ils en avaient honte». (BRANTÔME): qu'ils en éprouvaient de la gêne.
   Le mot s'entendait dans le sens de pudeur au XVIIe siècle en France. Les quarante premiers Immortels discutèrent assez longuement sur ce mot avant de l'estraindre au sens qu'ils lui don-




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.