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HORIOTE
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HUCHER

nent: «Il n'y a pas de honte en lui, il n'y a pas de vergogne».

   HORIOTE. Petite hart, arbrisseau flexible dont on se sert pour maintenir les piquets de bouchure, lier un fagot, et aussi pour administrer la fessée aux enfants. C'est sur horiote, diminutif de hart ou de hort, que horion a été formé: donner des coups d'horiote.
   On trouve réorte, riorte, rorte, rooite, roorte dans la vieille langue.
   Quoique les étymologistes déclarent que l'origine de ce mot est inconnue, il se rattache, à n'en pas douter, au parler des habitants primitifs de la Gaule, ainsi que la presque totalité des autres termes réputés bas.
   Le t de hart a dérouté apparemment les chercheurs de radicaux. Mais ce t, on ne le trouve pas chez les Wallons, ni non plus en Acadie: témoin harier, lieu ou croissent les hars. C'est une lettre adventice, oeuvre des graphistes.
   Le bas breton a hari, lien d'attache.
   Horiote et horion sont apparentés.
   L'influence de Mlle de Gournay a fait retrancher ce mot de la langue (1641).

   HORLER. Hurler. Cotgrave donne hurler et heurler. L'on dit houler en Picardie.
   On trouve heurler dans plusieurs auteurs du XVe, du XVIe, voire du XVIIe siècle: «Il faut heurler avec les leux». (DESCHAMPS); «Il se leva heurlant comme un homme furieux». (SCARRON, [Le] Roman comique).
   La première forme française que l'on trouve du mot, dans les écritures, est uller, prononcé ouler, du latin ululare. Le u latin donne régulièrement ou et o à notre langue; le r se substituant à l est une métathèse.

   HOUMARD. Homard. «Des crabes et houmars». (LESCARBOT). Le Père Sagard (145) écrit houmard.

   HOUME. Homme. L'épouse acadienne dit mon houme pour mon mari, comme l'époux dit ma femme pour mon épouse: «Anne, doncques, estant,
mariée, son houme se résolut d'aller en Espagne». (BRANTÔME, [Vies des hommes illustres et des grands capitaines], «De Chastillon»); «Il vit devant lui cinq houmes armés commes larrons». (La Fille du comte de Pontieu, XIIIe s.); «Il y a des gens, à Paris, qui disent un houme pour un homme». (HINDRET).
   On a dit aussi, en France autrefois, un jantilhoume.

   HOUPPÉE. Cahot creusé par les traîneaux dans la neige et qui offre quelque analogie avec les houles brisées de la mer. C'est un terme de marine transporté à terre: «Houpée, choc de lames qui, diversement agitées, se heurtent et se brisent les unes contre les autres. Un vent opposé, un fort courant produit une houpée». (B[ONNEFOUX et P[ARIS], Dict[ionnaire de marine à voiles et à vapeur])

   HUCHER. Crier, appeler.
   Hucher à quelqu'un, c'est, lorsqu'il est à distance, lui crier quelque chose; hucher après quelqu'un, c'est l'appeler. Employé absolument, le mot signifie crier: Huche à Jacques qu'il est midi; Huche après lui pour qu'il s'en vienne; Si tu as huché, je ne t'ai pas entendu.
   Nous ne disons pas hucher quelqu'un: ce verbe est neutre, ici, dans tous ses emplois.
   Le Dictionnaire nous dit que le mot est vieux et qu'il n'est plus guère usité qu'à la chasse.
   Hucher, sous une forme ou sous une autre, a toujours existé dans la langue. En roman, c'est ucar, uchar, huchar. En vieux français, c'est le plus souvent: ucher, vocher, vochier. Les paysans du Languedoc disent hucqua pour crier. Nous disons hucher comme les chasseurs de France et, pour nous, le mot n'a pas vieilli.
   «Dunc recumencent et le huc et le cri». (Chanson de Roland); «Et li huz de la noise ère si granz que il leur sembloit que terre et mer fondist». (VILLEHARDOUIN); «Huschant en




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.