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INVENTIONNEUX
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ITOU

t'inventionne pas d'y aller.
   Aussi, s'ingénier: Il s'est inventionné de...

   INVENTIONNEUX. Inventif, débrouillard.

   IOUSQUE. Contraction de: où est-ce que?: Iousqu'il est? Iousque que tu l'as mis? Iousque que tu vas?
   -IR. La finale des verbes en -ir se prononce rarement: Va me quéri de l'eau; J'ai manqué mouri. Elle ne se prononçait pas davantage, en France, au commencement du XVIIe siècle: «Il monta sur un arbre / Pour voir ses chiens couri». (Compère Guilleri, chanson du XVIe); «Et le souper fini / La belle tombe morte, (bis) / Pour ne plus reveni».
   Dans les Conférences on trouve à l'infinitif: veni, parti, couri, menti, etc.
   «Après la voyelle i tous les grammairiens sont d'accord pour indiquer que r est muet». (ROSSET, p. 263).
   Cette chute du r, dans la langue parlée, remonte aux origines de la langue: «Seigneurs baruns, / Carles nus laissat ci; / Pur nostre rei devum nus bien murir». (Chanson de Roland). Murir (mourir) rime avec ci. Donc on prononçait muri.

   IROQUOIS. Quoiqu'il se trouve à l'Académie, ce nom d'une tribu indigène du Canada nous appartient en propre. Les connaisseurs le font venir
du mot algonquin (autre mot indigène) irinachoiw, vrai serpent.

   ITOU. Aussi. Ce mot, connu et employé chez le peuple partout où se parle l'idiome français, en France aussi bien qu'en Amérique et ailleurs, n'est pas reçu à l'Académie. Marivaux en donne la raison: «Il n'est pas d'assez bonne maison». C'est un mot bas, enfin. Il y avait, sous les rois de France, des mots bas comme il y avait des personnes de basse extraction: nos pères, par exemple. Ils étaient méprisés les uns et les autres des grands et des honnêtes gens. Il a survécu cependant, le bas peuple avec la démocratie, et dans la langue parlée, itou. Nous disions, comme nos cousins de France: J'en veux itou; J'irai itou; «Il paraît quelle sait manger itout». (SAND, Le Péché de M. Antoine).
   Quelques rares écrivains de l'ancienne langue ont fait usage de cet adverbe populaire: «Ge connais Hunbaut tranche-coste... / Triant, Traïant et Enbatout, / Des menestrels connais itout». (RUTEBEUF).
   On trouve également itel et otout, mais c'est et tout qu'on rencontre le plus souvent: «Le roi Louis XI mangeait la plupart du temps en commun, avec force gentilshommes de ses plus privez et autres et tout». (BRANTÔME, [Vie des] dames galantes); «Et autre chose et tout que je n'ose dire, dire, dire». (Ancien Théâtre français, vol. VII, p. 23).
   Les Canadiens disent étout et itout. Je n'ai entendu que itou en Acadie.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.