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LAIZE
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LAMBRICHE

lactem des Latins, mais vriou! Est-ce un suffixe péjoratif? Est-ce une déformation de vitellus (veau) avec lequel les Provençaux ont fait vedeou? Est-ce, comme il est probable, quelque mot perdu de la langue aborigène des Celtes, dont nous descendons? Aux savants de le dire.

   LAIZE ou LAISE. Largeur d'une pièce de drap, d'un tapis.
   Voici la définition que [le] Cotgrave donne de ce mot: «Laize: as laise, breadth. Laize de cuir: A scourge or thong (tongue) of leather. À la grand laize: Amply, fully or on full measure». Il donne à peu près la même définition au mot : «: breadth; also the list of cloth or stuffe. D'un lé à l'autre: on both sides». On peut conclure de ce qui précède qu'à la fin du XVIe siècle, en France, laize, laise et étaient des synonymes. Faut-il y ajouter lez? Cotgrave donne à ce mot le sens de couche, de rang: «Le lez d'harenc (de hareng), le lez d'un navire: the ballast».
   En Acadie, laize a les sens divers que Cotgrave donne à ce mot, à . Nous disons: une laize de drap, pour un , une bande de drap sur toute sa longueur. Nous disons aussi que la mer a déposé sur le rivage une laize d'arbe-outarde (varech); une laize de harengs morts.
   Une laise de terre, c'est une lisière de terre. On trouve le mot, dans les vieux auteurs, avec le sens qu'il a en Acadie: «Six arpens de pré à la grand laize». (Pantagruel).
   D'après Roquefort, on donnait, dans le Limousin, le nom de lèze à un champ plus long que large: «On a, ajoute-t-il, retenu ce mot pour exprimer la largeur d'une étoffe».
   Les Limousins disent aussi: une lèze de terre. Nous disons également une laise, mais plus souvent, une lisière de terre: «Le journal de terre... contiendra vingt cordes de long et quarré de laize». (Coutume générale, rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]).
   Rabelais parle, quelque part, d'un
fou à la grand laize, que nous traduirions par fou en grand.
   On trouve lèze à lèze pour l'un contre l'autre, côte à côte, dans le Roman de la Rose: «Les tourelles sont lez-à-lez». Froissart donne à lèze le sens de à côté: «Après s'enfuit ceux qui au lez semestre estoient». Et Villehardouin de même: «Enterré fut de lez son père». Je lis dans Perceval: «Et les cheveux grands et veslez / Qui lui genoient iusques au lez».
   L'orthographe de laize n'était pas fixée dans l'ancienne langue; elle ne l'est pas encore aujourd'hui. On trouve lez, les, leis, leiz, laz, let, letz, lais, leace, laisse, layze, dans les vieux auteurs. On trouve aussi élaize. Sans compter les verbes: eslaisier, eslésier, èleissier, eslaissier, éleissier, élaissier, qui tous ont le sens d'élargir, étendre. Si vient du latin latum, comme on le prétend, laize doit venir de lata ou d'un mot de basse latinité, formé sur latum.

   LAMBÊCHE. Lambeau, tranche, morceau, découpure (voir lambriche et libêche).

   LAMBINERIE. Action de lambiner.

   LAMBINEUX. Qui travaille lentement, qui lambine sur son ouvrage.

   LAMBOURIC. (Prononcé lambouri). Nombril.
   Ce mot a été formé sur le latin umbilicus (qui a donné au catalan hombrigal et à l'italien ombelico) avec l'article le agglutiné. L et n sont ici, l'une et l'autre, des lettres adventices: Cache-toi; tu n'as pas le lambouri sec. L'expression est plutôt vulgaire.

   LAMBOURNE. Se dit, en quelque endroit, pour lambourde, quoique ce dernier soit le terme ordinaire.

   LAMBRICHE. Péjoratif de lambeau. Nous disons aussi lambêche dans le même sens: une lambriche,




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.