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MARBE
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MARGUITE

   MARBE. Marbre. Le mot se prononçait autrefois en France comme il se prononce aujourd'hui en Acadie, en laissant tomber l[e] r: «Le petit peuple de Paris dit marbe». ([Dictionnaire de] Richelet).

   MARCHANDISES SÈCHES. Nouveautés. Les Anglais disent dry goods. La vieille langue avait marchandises sèches.
   Si nous tenons le mot directement des Anglais; [ils] l'ont pris des Français avant de nous le passer.
   Le mot se trouve dans N. Denys (vol. 2, p. 313) et dans plusieurs écritures anciennes.

   MARCHE. Promenade à pied: faire, prendre une marche. Pris, je crois, de l'anglais to take a walk. Le mot est à l'Académie, mais pas tout à fait avec le sens que nous lui donnons.

   MARCHER. Nous disons: Ça marche mal, pour on marche avec difficulté; la voie est mauvaise.
   Marcher sur, aller sur, approcher de: Il marche sur les soixante ans.
   Marche, à l'impératif, est un ordre de s'en aller prestement: Sors de ma maison, marche; Marche dehors, va-t-en.

   MARCHETTE. Diminutif de marche. Pédale qui fait mouvoir une roue. Marche, mot encore en usage dans le centre de la France, notamment en Anjou, signifiait la même chose dans la vieille langue.
   «Comme font toutes les marchettes d'un clavier d'orgue». (RABELAIS, Gargantua).
   On se sert aussi d'une marchette pour mettre le bardeau en toise.

   MARCHOUÈCHE. Chat sauvage.
   Ce mot a été pris du micmac. Les Micmacs sont les aborigènes d'une partie du territoire de l'Acadie.

   MARÉE. Attraper une marée est pour nos pêcheurs éprouver de sérieu-
ses difficultés, être en mauvaise posture. Les Canadiens disent, presque dans le même sens: manger de la misère.

   MARGAU. Fou de bassan. Sula bassana; gannet, en anglais. Famille des sulidés. C'est le plus bel oiseau de mer de tout le nord de l'Amérique.
   «Il y en avoit (aux Îles-Madeleine) un monde de ce que nous nous appellons margaux, qui sont blancs et plus grands que oysons». (CARTIER, 1er voyage, 1534).
   Champlain les appelle tangueux. Sur sa carte de 1612, il désigne le groupe des Îles-aux-Oiseaux, aux Îles-Madeleine, sous le nom de «Îles-aux-Tangueux»; «Il y en a d'une espèce plus petite que les autres et sont appelés godels; mais les plus grands, nommés margaux, sont d'un plumage très blanc». (Père SAGARD, 143); «Il y a à (Terre-Neuve) une autre sorte d'oiseaux, mais plus grands et blancs très difficiles à prendre, parce qu'ils mordent comme chiens, et les appeloyent margaux». (LESCARBOT).
   La description que donne N. Denys (vol. 1, p. 33) n'est pas exacte.
   La Hontan confond le margau avec la mauve.
   René Bazin, dans Gingolph [l'abandonné], écrit margot.
   «Le margot, dans la Gaspésie, est un grand oiseau de mer, qui ressemble au goéland. Il a la pointe des ailes noire, le ventre jaunâtre et le reste du corps blanc». (O. A. dans le [Bulletin du] parler français [au Canada], t. VI, p. 19).

   MARGOULETTE. La dernière partie du mot est le diminutif de goule.
   On l'entend dans ces locutions: casser la margoulette; Je te donnerai sur la margoulette. En usage en France.

   MARGUITE, MAGRITE. Déformation du nom propre Marguerite apportée de France. On trouve sainte Magrite dans la VIe Conférence, entre Janin et Pierrot: «Tu royais l'zoeil




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.