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MENOUCHE
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MÈQUE

   MENOUCHE. Terme enfantin pour petites mains, menette.

   MENOUÈRE. Brancard. Voici la définition que donne de ce mot le [Bulletin du] parler français [au Canada] de Québec: «Timon, chacune des deux pièces de bois droites, fixées au devant d'une voiture, et entre lesquelles on attelle le cheval».
   Le timon, aussi appelé aiguille, n'a pas le sens de menouère ou de brancard en Acadie. Même radical que mener.

   MENOUNER. (Prononcé m'nouner). Murmurer, marmotter, parler entre les dents.

   MENTERIE. Mensonge, gros ou petit, grave ou léger. L'Académie dit que menterie s'applique à des choses moins graves que mensonge. Nous n'employons jamais le mot mensonge, c'est menterie que nous disons toujours.
   Les très anciens l'entendaient comme nous: «Au lieu desquels entrèrent flatterie, / Déception trahison, menterie». (MAROT).
   Menterie est certainement mis ici pour mensonge, et mensonge grave.

   MENTEUX. Nonobstant le r final, menteur se prononce menteu par nos aînés de France, puisque le féminin donne menteu-se. Si le r s'était prononcé, le féminin serait menteresse, comme dans docteur, dont le féminin est doctoresse.

   MENTON-FOURCHU. Expression enfantine. Je trouve le mot dans le Mystère du Vieil Testament (XIVe siècle).

   MÊNUIT. Minuit. Les Français du centre, aussi bien que ceux du nord de la France, prononcent comme nous. On trouve meinuict, dans la 1ère et la IVe Conférences. Selon le témoignage de Hindret, la bourgeoisie de Paris disait ainnuit pour minuit au XVIIe siècle.
   «Elle le fait lever à mesnuit». (Les Quinze Joyes de mariage); «Quant à l'ore de meinuit resplandiat entre les pastors li novele lumière de ciel». (Sermons de s[aint] Bernard); «Après menuit, entre deux sommes». (CHARTIER); «Vilane alouette, v'la de tes tours; / Mais tu mentis, / Tu nous chantes le point du jour. C'est pas menuit...» (Chanson berrichoune [berrichonne], «Juliette et Roméo»).

   MENUSIER. Menuisier. Le mot est dans La Fontaine.

   MÈQUE. Quand, lorsque, après que: Je lui donnerai ça mèque il vienne; Mèque je le verrai, je lui dirai la nouvelle.
    Si ce mot, contraction de mais que, avait été ramassé en un seul vocable, comme tant d'autres l'ont été, il serait vraisemblablement entré dans la langue littéraire. La manière dont on l'orthographiait l'a tué.
   On le rencontre à toutes les périodes de la langue, tantôt avec le sens que nous lui donnons et tantôt avec celui de pourvu que, dès que, seulement, sinon, excepté.
   «Mais que, pour quand, est un mot qu'on use fort à la cour, en parlant, mais qui est bas et ne s'écrit pas dans le beau style. Par exemple, on dit, même à la cour: Venez moi guérir, mais qu'il soit venu». (VAUGELAS).
   Pour être bas, le mot ne s'en trouve pas moins dans les meilleurs auteurs. Même Malherbe, «tyran des mots et des syllabes», l'un des arbitres du beau parler et contemporain de Vaugelas, écrit: «Vous aurez le Grand Roman des Chevaliers de la gloire mais qu'il soit  achevé d'imprimer». Et Racan, autre contemporain, et l'un des plus châtiés et des plus élégants écrivains de l'époque, écrit: «Hélas! ma fille, hélas! qui me clorra les yeux, / Mais que mon pâle esprit soit monté dans les cieux
   Jacques Cartier, le découvreur du Canada, parlant des Sauvages de Québec: «Les dites femmes... montrans par signes et paroles au Capitaine que mais qu'il retourast et amenast le dit




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.