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METTE
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MICMAC

seille, autrement dit, à la faucille, (fauxscille). On trouve aussi fauciller.
   Littré (Supplément) donne métiveur. Je trouve métiveur dans André Theuriet, (La Poésie populaire en France).

   METTE. Subst. fém. Maie, huche à pain.
   On trouve le mot épelé maie, maiet, mais, mait, met, maict dans la vieille langue. Mag en roman: «Mon nez s'eslevoit et croissoit comme la paste dedans la mect». (RABELAIS, Gargantua). Le mot est dans Nicolas Denys, épelé met.
   «Il y avait aussi une met, ou bahut, pour le pain». (FÉVAL, Châteaupauvre).
   Mette, c'est met, avec un t final sonore.

   METTRE (Se). Se dit pour se changer, se métamorphoser: Il s'est mis en lion, en loup-garou.
   Mettre dedans se dit pour dételer un cheval et le mettre à l'écurie: Mets ton cheval dedans.
   Mettre sur, c'est mettre une enchère sur un objet: J'ai mis cinq piastres sur la montre et n'ai pas pu l'avoir.
   Mettons qu'il dise la vérité; supposons qu'il dise la vérité.

   MEUGNIER. Se dit, en quelques localités, pour meunier.

   MEULAGE. Ensemble de meules dans un moulin à farine.

   MÉZAMAIN ou MÉSAMAIN (À). Mal à main; qui n'est pas à la main; mal placé.

   MIÂLEMENT. Miaulement.

   MIÂLER. Miauler. C'est ainsi que le mot se prononce à Genève, et généralement dans tout le centre de la France. On dit miâler et miailler en Normandie. Miâler donne miaou.
   On trouve mioler en vieux français: «Oyrent le chat mioler». (Chronique
de S[aint]-Denis [ou Grandes Chroniques de France]).

   MICHON. Un michon de pain est une grosse tranche de pain. L'expression est plutôt canadienne.

   MICMAC. Nom donné à la tribu souriquoise qui occupait l'Acadie à l'arrivée de de Monts et de Lescarbot en 1605. Les Micmacs, dont il reste encore des descendants au nombre de plusieurs milliers dans les provinces Maritimes du Canada, ont toujours été les très fidèles amis et alliés de la France et des Acadiens. Pourquoi les a-t-on appelés d'un nom dont la signification est plutôt défavorable? Car le mot micmac n'est pas indigène de l'Amérique: il a été apporté de France.
   Je suis porté à croire que le mot micmac est de formation analogique. Les premiers colons, auraient entendu de la bouche des Sauvages nicmac, ce qui, d'après Hewitt, signifie allié, dans leur langue, et de nicmac auraient fait micmac. Ceci n'est qu'une supposition. On en a fait bien d'autres sur l'origine de ce mot.
   Quoi qu'il en soit, le mot micmac s'entendait en France avant la découverte de l'Amérique.
   Voici qui remonte au commencement du XVIe siècle: Joachim Rouanalt «après avoir fait saisir au nom de Charles VI, deux cents des plus coupables... se contenta de punir une centaine de mutins, parmi lesquels six furent écartelés... La bourgeoisie put apprendre deux choses dans cet événement, qu'on appela le micmacque de Reims». (HÉRICAULT, Étude sur Coquillart).
   Veux-t-on des textes anciens?: «Aura lo reis en Fransa aquest micmah»: Aura le roi en France quelque micmac, c.-à-d., du désagrément. (Girart de Roussillon, vol. 48).
   Le mot est encore en usage en France. Voici comment le Dictionnaire de l'Académie le définit: «Intrigue, manigance, pratique secrète dont le but est blâmable».




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.