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MOCASSIN
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MONDE

   MOCASSIN. «Soulier sans semelle, confectioné à la maison avec de la peau de chevreuil ou d'orignal». (CLAPIN).
   En Acadie, l'on fait, aujourd'hui, des mocassins avec toute sorte de peau non tannée, peau de boeuf aussi bien que de bête sauvage.

   MOCAUQUE. Savanne. Se dit aussi, aux Îles-Madeleine, d'une petite baie sauvage qui croît dans les mocauques et qui a un peu le goût de la pomme-de-prée (atoca).

   MODEUSE. Modiste. On dit modeuse, comme ici, dans les campagnes de France. Modiste est un mot relativement nouveau, qui n'est entré dans le Dictionnaire de l'Académie qu'en 1835. Ceux et celles d'entre nous qui lisent les journaux disent modiste.

   MODURER. Modérer, ralentir. On dit émodurer en Berri: «Et si le ciel n'amoduroit un peu / Le doux miel duquel je t'ai repeu». (RONSARD, Amours, 1er liv.).

   MOI. (Prononcé moâ). Nous disons: Moi et toi; moi et lui, comme les Latins, ego et tu, et non pas, en tout cas rarement, toi et moi, lui et moi comme on entend à la ville. C'est le vieil usage: «Il a mandé, moy, mon frère et le maistre de Rodes». (ARRAS, [Roman de] Mélusine).

   MOÏAC. Eider américain, somateria mollissima.
   D'après P. A. Taverner, ornithologiste officiel du Canada, le somateria mollissima n'est pas notre moïac, mais un eider dont l'habitat serait plus au nord; le moïac canadien serait le s[omateria] dresseri.
   Le mot, en tout cas, est sauvage. Denys l'écrit moyaque et La Hontan, moyack.

   MOIGNON. Nous disons: un moignon de chou, pour le bout de tige qui reste, après que le chou a été coupé.
   MOINDREMENT (Le). La plus petite quantité, aucunement: S'il avait le moindrement de coeur, il l'entretiendrait; S'il voulait le moindrement céder, ils pourraient s'entendre; Donnez-m'en le moindrement et je serai satisfait; Le moindrement longtemps...

   MOINE. Grosse toupie. Le mot est en usage en France, au Canada et généralement partout où se parle la vieille langue française. L'Académie ne le reconnaît pas.

   MOLLASSE. Chose molle. Se dit, par extension, d'une personne sans volonté, sans énergie; d'un caractère mou. Nous appelons aussi mollasse un terrain marécageux.
   La minéralogie s'est emparé de ce mot, mais elle lui donne un sens différent.
   On trouve molace dans l'ancienne langue.

   MOLUE. On disait autrefois molue pour morue. Le mot est dans Lescarbot, Denys et dans la plupart des auteurs qui ont écrit sur l'Acadie au temps du régime français. Nous disons: morue.

   MONDE. Reçoit ici quelques acceptions que l'Académie n'a pas enregistrées: Du bon monde, c'est du monde charitable, hospitalier; Il est bon pour le monde, même sens; C'est pas du monde se dit d'une personne grossière, méchante, brutale; Ce chien a un visage de monde, humain; Le petit monde, les enfants; Le grand monde, les grandes personnes; Je ne sais pas au monde ce qu'il veut, j'ignore totalement; Je ne souffre pas comme du monde, je souffre atrocement; Ce n'est pas du monde, cet homme-là: c'est une brute; Je vous demande, dans le monde, ce qu'il a été faire là? Qu'allait-il faire dans cette galère?; Mon monde, les miens, ceux de ma famille; Son monde, les membres de sa famille, ses partisans: Il a été bien content de revoir son monde.
   Personne, en opposition aux ani-




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.