qune de vaques à lait; / Et de l'autre côté de la rivière, / Plus que de vaques anouillères». Toutefois ces citations, et d'autres que je pourrais ajouter, ne nous disent pas d'où vient le mot neuillère.
NEUNE. Nulle: neune part, nulle part. C'est la consonne n se substituant à l (voir à la lettre n). Neune pour nulle s'entend en Anjou et dans plusieurs départements de France.
NEYADE. Noyade.
NEYER. Noyer. Pour quelle raison bonne et valable l'Académie a-t-elle choisi noyer préférablement à nayer ou neyer qu'on trouve, aussi bien que nier, dans l'ancienne langue? Noyer vient de necare, assure-t-on, non pas le necare de Ciceron qui signifiait, et signifie encore tuer, mais d'un necare de la basse latinité auquel on donnait aussi le sens de noyer. Necare produit directement et naturellement neyer, notre neyer acadien et non pas noyer, le noyer académique. Nayer, dans l'ancienne langue, se prononçait neyer; noyer de même, o étant mis pour a avec lequel il se confond le plus souvent. Ceci est confirmé par Richelet qui nous apprend qu'on disait neier (ou neyer) de son temps et antérieurement pour noyer. D'autre part, Rosset (p. 209) nous affirme que «pendant tout le XIIe siècle, et jusqu'à Ferand, neyer était la forme correcte». En veut-on la preuve?: «La sunt neiez, jamais nes en verrez». (Chanson de Roland, v. 690); «Son ennemi pendre ou neier». (Roman de la Rose, v. 7423); «N'osa demeurer avec nous, pour poour (par peur) de naier». (JOINVILLE); «Ne soi, à vivre ou a neier». (GRÉGOIRE LE GRAND); «Tout le monde fut nayé et périllie». (LA TOUR); «Nous sommes nayez à questes la vérité». (MONTAIGNE); «Les payens furent tous mors, et les plusieurs se nayèrent en la mer». (ARRAS, [Roman de] Mélusine); «Neyer
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en l'eau, as noyer». (COTGRAVE); «Le baron s'alloit nayer sans moi». (BRANTÔME, [Vie des hommes illustres et des grands capitaines], «Le Prince de Condé»); «Certaines années, la pluie a este exces-sive et nayait le grain». ([RABELAIS], Pantagruel); «Il ne s'en est pas fallu l'épaisseur d'une épingle qu'ils se sayant nayés tous deux». (MOLIÈRE, [Dom Juan ou Le] Festin de Pierre, acte II, scène I). Neyer se dit dans le parler dialectal de toute la France. C'est un dicton en Anjou que «les poules se neyent par le cul». Un pêcheur me disait: La brume neye la vue; on ne peut rien voir.
NIAISER. Ne pas savoir quoi faire; lambiner; prendre du temps à se décider. C'est le contraire de déniaiser. Le radical de ces deux mots est nid. Proprement, niaiser, c'est hésiter à sortir du nid; déniaiser, c'est en sortir et dénéaisé, c'est en être sorti.
NIC ou NIQUE. Nid. Nid sort de nidus, à n'en pas douter, mais nic? Ce c final, qui sonne sec, ne semble pas venir du latin. Il tombe plutôt, en passant du latin au français, comme dans amicus qui nous a donné ami. Il tombe également en passant du sauvage au français, comme dans Matapédiac que nous prononçons le plus souvent Matapédia. N s'ajoute quelquefois à un i final, comme dans ainsi, qui fait souvent ainsin dans les vieux auteurs, mais c très rarement. D'où vient nic, alors? Possiblement d'un radical celtique ou teuton, comme dans Pornic, sur la Loire. On a voulu faire venir Pornic de Portus-nidus, mais la tentative est tombée devant son invraisemblance. On trouve nic dans Vauquelin (Satires): «Il a jetté sus autruy son ombrage, / Et pond au nic d'un oiseau de passage». Dans Clément Marot: «Chantons, sautons et dansons ric à ric, / Puis allons voir l'Enfant au povre nic».
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