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NIGÉE
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N'ON

   Ailleurs, c'est nif que nous trouvons: «D'autre Aigle ne voult riens aquerre; / Son nif ne son aire conquerre». (DESCHAMPS, [Poèmes] «Ballade», vol. VI, p. 149).
   On trouve aussi, dans la vieille langue, nis et ny.
   Malherbe déclare qu'on prononce ni et que si l'on prononçait autrement, on ne pourrait prononcer que nit. Ceci ne prouve qu'une chose, c'est que Malherbe connaissait mal la prononciation dialectale de ce mot.

   NIGÉE. Nichée.
   C'est la consonne c se permutant en g comme le phénomène se constate en une multitude de cas.
   On a dit nichée et nigée dans l'ancienne langue, au moins chez le peuple. Cotgrave relève même un intermédiaire: «nyaëe: a nestfull». Ailleurs, on trouve niée.
   Nigée s'est conservé dans les provinces du centre de la France.

   NIGER (Se). Se nicher: Les poulets se nigent autour de leur mère pour dormir; «Nidificare, faire son nid, devenu nifficare, a produit nicher (et niger) en formation populaire». (CLÉDAT); «Les oyselet sont à niger abstraint». (DESCHAMPS, vol. III, p. 92).

   NIGOG. Sorte de harpon servant surtout à prendre l'anguille. Mot d'origine sauvage, entré dans le vocabulaire acadien. Se dit fouène au Canada, d'après l'Abbé Casgrain.

   NIJAGAN. Bourdigue ou bordige.
   Le nijagan, mot pris aux Abénaquis, est construit sur le principe de la madrague avec laquelle les pêcheurs de Sicile prennent le thon, avec cette différence qu'il n'y entre pas de câble, le tout étant fait de pieux attachés les uns aux autres au moyen de harts.

   NOE, NOVE ou NOUE.
   Vessie à air de morue, qui se trouve le long de l'arête et dont on fait un plat délicieux.
   On dit noe en certaines localités, et noves en d'autres. J'ai aussi entendu noue.
   «Ce que l'on appelle en France trippe de molüe, que les pêcheurs appellent des noües, qui n'est autre chose que la peau ou membrane qui enveloppe les intestins». (DENYS, vol. II, p. 163).

   NOIR. Être en noir, se mettre en noir, c'est s'habiller de noir, prendre des vêtements de deuil. En anglais: in black.

   NOIRCEUR. Obscurité, ténèbre: s'en aller à la noirceur; veiller à la noirceur.
   Qu'est-ce qui entre dans une maison sans faire aucun bruit: — La noirceur. (Devinette populaire). Ronsard emploie le mot obscur: «Sautant et jaillissant jetant de toutes parts / Par l'obscur de la nuit de grands rayons épars».

   NOIRON. Péjoratif de noir. On donne souvent le nom de noiron à une pièce de bétail de couleur noire.

   NOLET. Gâteau de Noël.

   NOMS. Sobriquets offensants: donner des noms; appeler des noms. S'applique surtout aux enfants. Il peut se faire que nous ayons pris ce sens de l'anglais to give names. La plupart des noms propres furent, à l'origine, des sobriquets.
   Beaucoup de nos gens, qui vont aux États-Unis, traduisent leurs noms en anglais, comme les Gaulois, nos aïeux, traduisaient les leurs en latin au temps de la domination romaine. On peut là-dessus consulter Fustel de Coulanges, (Hist[oire] des Institutions pol[itiques] de l'ancienne France, p. 100-105).

   N'ON. Pronom indéfini. L'on. Substitution de n à l.
   Devant on, le vieux français ne mettait pas l'article le, représenté par l' dans l'on, comme nous faisons aujourd'hui; il se contentait de on, en,




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.