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OCTANTE
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-OI

   OCTANTE. Quatre-vingts. Le mot est à l'Académie, mais ne s'emploie plus guère en France, sauf dans certains départements du midi.
   On l'entend dans la bouche de quelques vieillards du sud de la Nouvelle-Écosse, ainsi que nonante, quatre-vingt-dix et septante, soixante et dix [soixante-dix].
   On trouve huitante dans la vieille langue.

   ODEUR. Se dit aussi pour parfum, essence: une fiole d'odeur.

   OEIL. Se dit pour germon (voir ce mot).

   OEIL-DE-BOUC. Cerne, sorte d'oeil qui se fait autour de la lune et qui présage le mauvais temps. Il y a aussi les oeils-de-bouc du soleil. En tout cas, j'ai entendu: Le soleil s'est couché avec un oeil-de-bouc. C'est, je crois, le halo des Anglais.

   OEUF. Se prononce oeu, tant au singulier qu'au pluriel. C'est l'ancienne prononciation. Ce sont les grammariens qui ont établi la différence entre le singulier, où le f se fait entendre, et le pluriel, où il est muet: «Je ai en ma teste une pierre précieuse grosse comme uns oes de géline». (Rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]).
   «Un oes valoit douze deniers». (JOINVILLE).
   On dit comme nous, oeu, dans le centre de la France et notamment dans le Berri.
   L'usage des oeufs était défendu autrefois durant le Carême et aux jours d'abstinence. Pâques, en ce temps-là, était le premier jour de l'année. Comme présent du jour de l'An, on faisait bénir des oeufs, le Samedi saint, qu'on envoyait aux parents et aux amis, d'où les oeufs de Pâques.

   OEUF[S]. Se prononce oeu au singulier comme au pluriel. La distinction entre le singulier et le pluriel qu'on trouve dans les grimoires est une chinoiserie des grammairiens, élevée à
l'Académie à la hauteur d'une loi rigoureuse.
   Nous disons des oeufs fricassées pour une fricassée aux oeufs.

   OEUVRES. Absolument, se dit pour oeuvres de charité: dépenser de l'argent en oeuvres; Il a laissé cent piastres, en mourant, pour être données en oeuvres. Banc d'oeuvre, banc réservé aux marguilliers à l'église paroissiale.

   OFFRABLE. Présentable: Cette pomme n'est pas offrable.

   OFFRE. Ce mot était des deux genres aux XVIe et XVIIe siècles en France. Il l'est également en Acadie: Faites-moi un offre; C'est une bonne offre, acceptez-la.
   Comme le montre ces deux exemples, offre est du genre masculin lorsqu'il est seul; accompagné d'un qualificatif, bonne offre, offre avantageuse, [le mot] est féminin.

   OGNON. Oignon. On disait ognon et oignon au XVIIe siècle en France. On trouve oingnon dans l'ancienne langue.

   O GUÉ! Exclamation qui s'ajoute au refrain de plusieurs de nos vieilles chansons importées de France: La faridondaine, / O gué! / La faridondé.
   Chateaubriand demande s'il ne serait pas possible que ce refrain, ô gué!, ne fût le cri sacré de nos aïeux druidiques: Au gui l'an neuf?

   OHO! Interjection de surprise. Le mot est dans Cotgrave. Peut-être aussi, est-ce l'interrogation ho! deux fois répétée: Oh! Oh!
   -OI. On demandait un jour à Fontenelle comment il fallait prononcer je crois: «Je crés, répondit-il, qu'il faut prononcer, je croâ».
   La prononciation de la diphtongue -oi a varié selon les siècles en France jusqu'à ce qu'elle ait été fixée définitivement par l'Académie.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.