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ORAGE
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ORIGNAC

même sens: Qu'est-ce qui t'oppose (on t'impose) d'entrer?; Je ne t'oppose pas de te marier; «Mais ça n'oppose pas qu'il s'apercevait bien qu'il y avait quelque chose». (BARBEAU, Anecdotes [populaires du Canada, Journal of American Folklore, vol. 33, no 129, 1920]); «Si a veut se marier, je ne l'oppose pas». (VERRIER [et ONILLON], Glossaire [des patois et des parlers] de l'Anjou).
   Les écrivains de France ne donnent pas à opposer le sens que nous lui donnons. Ils ne l'emploient jamais absolument, mais le font suivre d'un régime: «Qui donc opposez-vous contre ces satellites?». (RACINE).
   On lui donnait le sens de contredire, dans la vieille langue: «Puis après Pilate aposa les Jeus (Juif)». (Évangile de Nicodème, v. 141).
   Les paysans de tous les départements de France, où l'on parle la langue d'oui [d'oïl], donnent à opposer le sens qu'il a au Canada et en Acadie.

   ORAGE. Subst. fém.: une orage de grêle; «Cette diablesse d'orage». (SÉVIGNÉ).
   Ferdinand Brunot (La Pensée et la Langue) nous assure qu'on entend à Paris: une grosse orage.

   ORATEUR. Le président des Chambres législatives, soit fédérales, soit provinciales, est appelé l'orateur, traduction libre du mot anglais speaker, littéralement parleur. Le speaker est une chose qui relève des institutions parlementaires anglaises. Autre chose est l'orateur français, soit moderne, soit antique: «Comment usons-nous, en français du mot d'orateurs? Ce sont les évesques et prélats, lesquels, ès lettres qu'ils envoyent aux roys et aux princes, prennent cette qualité de leurs humbles orateurs, rapportant ce mot à leurs dévotions et prières». (PASQUIER, Lettres [amoureuses]). Un envoyé du pape était un orateur. Un chapelain desservant un oratoire était également désigné sous le nom d'orateur. Le Père Sagard, par-
lant du Père Provincial de son ordre, l'appelle «notre cher et dévot orateur».
   On disait, autrefois, un orateur pour un prosateur. Un orateur de vers était un poète. Il y avait aussi, au théâtre, l'orateur de la troupe qui était celui qui faisait les annonces, le régisseur.

   ORBIÈRE. Objet placé devant les yeux d'un animal: «Orbière: A blinding board or head-board, hung before the eyes of an unruly beast». (COTGRAVE); «Il n'y a point de beste a qui plus justement il faille donner des orbières pour tenir sa vue sujette et contraincte devant ses pas». (MONTAIGNE).

   ORDRE. Nous avons pris de l'anglais: ordre-en-conseil (order-in-council) pour arrêté du conseil; un habit fait sur ordre (made to order) pour fait sur mesure. Ce sont des expressions impropres, des barbarismes. Être en bon ordre (in good order), c'est être en bonne condition: Ce cheval est en bon ordre.

   OREILLE. Nous disons: oreille de charrue pour versoir.
   Avoir les oreilles dans le crin, c'est être éveillé, être à pic, prêt à la riposte.

   ORFEUVRE. Orfèvre. S'entend aussi d'un horloger. C'est la prononciation dialectale du centre de la France. On trouve orfeuvre dans certains écrivains du XVIIe siècle: «Orfebvre est écrit orfeuve par Saint-Liens». (ROSSET); «Les feuvres traitent de ce qui appartient aux feuvres». ([DU] BELLAY).

   ORGUEILLEUX. Orgelet; petite tumeur à côté de l'oeil. Mot de formation analogique.
   On disait orgueil en vieux français: «Qui refuse à une femme enceinte, un orgueil lui vient à l'oeil». (COTGRAVE).

   ORIGNAC. Orignal. Nous disons, comme tout le monde, orignal, au-




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.