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PALETTE
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PAQUETER

C'est ici un levier (une rance) fait avec un tronc d'arbre pour ceux qui défrichent avec un madrier; un esparre, pour d'autres.
   Originairement, c'était un terme de marine. À Fribourg, on dit palance.
   «La vieille l'envoie loin dans les airs sur un palan». (BARBEAU, Folklore).
   Le grec phalanga a le sens, ou à peu près, de notre palan acadien.
   En roman, on appelle palanc une redoute faite avec des palissades.

   PALETTE. Il y a la palette d'un casque ou de toute autre coiffure d'homme qui, tout comme en France, sert de garde-vue.
   Il y a aussi la palette de l'estomac, qui est le sternum.
   Aussi la palette des roues hydroliques, qui reçoit l'eau du déversoir.
   Puis la palette du genou que les savants appellent la rotule.
   Il y a encore la palette de l'épaule, autrement appelée l'omoplate.
   Les Canadiens appellent fèves en palette ce que les Acadiens désignent par faillots. C'est avec une palette que les faiseurs de sucre d'érable brassent le sirop avant qu'il se consolide en gros ou petits pains.
   Palette est le diminutif de palle.

   PALOTTE. Maladroit.

   PALOURDE. La palourde des rivages acadiens, que baignent les eaux du golfe Saint-Laurent, est la venus mercenaria des ichtyologues [ichtyologistes]. Le mot existe en France, mais avec divers sens qu'il n'a pas ici. Cotgrave (XVIe siècle) définit la palourde: «A cockle». Si, par «cockle», Cotgrave entend notre coque, la définition est fautive.
   Dièreville nous dit que la poule de mer est aussi appelée palourde en Acadie. Je ne trouve rien qui justifie cette assertion.
   Lescarbot a le mot palourde que son traducteur anglais, Grant, rend par oyster, huître. Il n'existe pas d'huîtres
aux environs de Port-Royal où Lescarbot a vécu et écrit, ni sur aucune plage de la baie de Fundy, l'ancienne baie Française des Acadiens.
   La palourde est très abondante dans les baies de l'Île-du-Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et de l'ouest de la Nouvelle-Écosse. Il s'en exporte de grandes quantités aux États-Unis.

   PÂMER. V. n. Les écrivains contemporains disent se pâmer pour tomber en pâmoison. L'expression n'est jamais employée dans ce sens en Acadie. Mais nous disons avec Madame de Sévigné, écrivant à sa fille: «Les femmes sensées pâmant de rire».
   Le Dictionnaire de l'Académie donne pâmer et se pâmer.

   PANIÉRÉE. Panerée, contenu d'un panier.

   PANNEAU. Nous disons un panneau de table pour un montant de table, partie d'une table qui se relève et s'abat.

   PANTOUTE. Contraction et agglutination de pas en tout ou de point en tout, avec le t final sonore: Je n'en veux pas pantoute; «Nous ne voulons point en tout de roy électif». ([La] Satire Ménippée).

   PAON. Avant le XVIe siècle, on prononçait pa-on en deux syllabes. C'est ainsi que le mot se prononce en Acadie: pa-on.

   PAPIER. Se dit aussi pour gazette. Lis-moi ce qu'il y a dans le papier; «Luy (lis) putôt le papié». (IVe Conférence entre Pierrot et Janin).
   On disait, en France au XVIIe siècle, papier-journal et aussi, je crois, papier-nouvelle, d'où newspaper en anglais.

   PAQUETER. Quoique le mot ne se trouve pas à l'Académie, il est beaucoup employé en France, où il signifie mettre en paquet, empaqueter.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.