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PASSABLE
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PATARAFE

   Le Lion n'y fut pas signifie, ici, ne fut pas plutôt arrivé. Cette locution a cours en Acadie.

   PASSABLE. Un chemin passable est un chemin par où l'on peut passer: Ce chemin n'est pas passable, praticable.

   PASSAGE. Se dit pour le prix du passage: Le passage de Montréal à Québec est de huit piastres.
   Prendre passage dans une voiture, c'est y monter comme passager.
   Une aiguille à passage est une grosse aiguille, enfilée de laine et servant à ravauder. Se dit pichette au pays de Québec.

   PASSAGER. Subst. masc. Voyageur, soit en bateau, soit en chemin de fer, soit en voiture. L'Académie limite le mot à ceux qui voyagent par mer.

   PASSAGER. Adj. Passant, où il passe beaucoup de monde: un chemin passager; Cette route est passagère.

   PASSE. Billet de circulation gratuit, à l'oeil: une passe de chemin de fer. De l'anglais: a pass. Les Anglais ont pris le mot et apparemment le sens de billet gratuit de l'ancien français. En le leur empruntant, nous ne faisons que reprendre notre bien: «Buckingham écrivit sur la passe de Boisrobert: Quatre chevaux». (DUMAS, [Les Grands Hommes en robe en chambre (César - Henri IV -] Louis XIII - Richelieu).
   Du même auteur, même ouvrage: «J'ai été sur le point de lui demander s'il avait une passe d'un fossoyeur, pour aller ainsi par la ville».
   Passe est, en Acadie comme à l'Académie, un terme maritime employé dans le même sens. Nous lui donnons en plus celui de passoire ou de passage pour le poisson, dans une écluse ou un barrage.
   C'est à terre que le mot trouve le plus d'emplois. Il y a les passes pour le gros gibier dans les défilés de mon-
tagne; pour le petit, à travers les haies. Un sentier en forêt est une passe.
   Être en mauvaise passe, c'est être de mauvaise humeur.

   PASSÉ. Nous disons: l'année passée, la semaine passée, et rarement l'année dernière, la semaine dernière. Aussi: Il a passé vingt ans; Il a passé six pieds de haut; Il m'a fallu passé une heure pour le mettre à la raison. Ici, passé est un adverbe, mis pour plus: Il a plus de vingt ans; Il a plus de six pieds de haut; il m'a fallu plus d'une heure pour...

   PASSÉE. Passage: «On tire le canard à la passée, lorsqu'il passe d'un lieu à un autre». (DE PUYJALON, Récits du Labrador).

   PASSER. Ce verbe se conjugue indifféremment avec l'auxiliaire être ou avoir. On en usait de même au temps de Corneille: J'ai passé le voir; Je suis passé le voir. En faire passer à quelqu'un, c'est supplanter un rival auprès de sa blonde: Il lui en a fait passer. Passer un billet à la banque, c'est l'escompter, le réaliser. Ce sens nous vient de l'anglais. Nous disons aussi: Je l'ai passé pour je l'ai mis à la porte.

   PATAFIOLER. Nous disons, comme en France, même à Paris que le bon Dieu vous patafiole sans savoir au juste ce que nous entendons par cette expression plutôt vulgaire. On en donne plusieurs explications, qui toutes comme le veuve dans le Capitaine Tic, me paraissent douteuses.

   PATARAFE. Chose embrouillée, incohérente: Qui c'est qui a écrit cette patarafe-là dans ce journal?; En voilà une patarafe; «La patarafe, c'est la parafe des illettrés qui, ne sachant pas écrire, tracent confusément sur le papier une parafe illisible». (SAINDEAU, Sources indigènes de l'étymologie, p. 333).




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.