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PEINÉ
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PELURE

qui reste par terre, quand le voyage a été peigné au râteau.

   PEINÉ. Neurasthénique, mélancolique: Il vit tout seul; il est peiné.
   C'est un mot de la vieille langue que les puristes ont condamné.

   PEINER (Se). Devenir neurasthénique.
   «Si les rois avaient paix ou trève, / Bertram de Born se peinait (souligné dans le texte) et travaillait jusqu'à ce qu'on eut défait cette paix». (THIERRY, [Histoire de la] conquête de l'Angleterre [par les Normands, de ses causes et de ses suites jusqu'à nos jours, en Angleterre, en Écosse, en Irlande et sur le continent], t. III).

   PEINTURE. Se dit, ici, pour portrait, image, comme il se disait à Paris au XVIIe siècle: «Je n'ai pas reconnu les traits de sa peinture». (MOLIÈRE).
    PEINTURER. Peindre. Peinturer une maison. Voici ce qu'en dit l'Académie: «Peinturer. Enduire d'une seule couleur. Il est peu usité».
   Le mot est universellement usité, ici, et le peinturier n'est pas astreint à une seule couleur: «Et de couleurs se peinture la rive». (RONSARD, Amours).
   Une femme se peinture le visage: «Pour réparer des ans l'irréparable outrage», au lieu de se le peindre, comme l'entendait Racine.
   «Il vaudrait mieux dire peinturer que peindre une grille». (STAPLES, Le Trésor national); «Les Sauvages tous peinturés en la face». (LESCARBOT); «Cet amant (sauvage) voulant faire l'amour à sa maîtresse, il se peinturera le visage». (SAGARD, 317).
   Nous disons aussi dépeinturer.

   PEINTURIER. Peintureur. Peinturier appartient à l'ancienne langue: «Saint Luque qui estoit a mieges et tres bon painturiers». (Vie des Saints, Rich. Rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]).
   PELLE. Nous appelons pelle une vanne d'écluse ou de chaussée. La vanne d'écluse des marais s'appelle clapet.
   Une jeune fille donne la pelle à un garçon lorsqu'elle refuse de l'épouser. Le prétendant qui fait la grand-demande, et qui est éconduit, attrape la pelle.
   Du temps où l'on cuisait le pain au four, c'est avec une pelle toute spéciale que l'on enfournait pains et torteaux et qu'on les tirait lorsqu'ils étaient cuits. Cette pelle s'appelait la pelle au pain.

   PELLETÉE. C'est pelletée que nous disons et jamais, comme en France, pellée, ni pellerée. Pelletée est très français d'ailleurs.

   PELLETER. Remuer avec une pelle: pelleter de la terre, de la neige.

   PELLETEUX. Celui qui pelte, qui remue de la terre avec une pelle.

   PELOTANT. La neige est pelotante lorsqu'elle commence à fondre et qu'elle se prend en pelote ou boule.

   PELOTER. V. n. Se prendre en boule, en parlant de la neige, quand le temps est humide et chaud: La neige pelote.
   Peloter V.[forme] a. Se dit, chez les Canadiens pour lancer des pelotes de neige. Nous disons garocher en Acadie: garocher de la neige pelotante.

   PELURE. Expression plutôt vulgaire, synonyme d'amoureux ou d'amoureuse. Ce mot s'écrivait souvent, en France au XVIIe siècle, comme il se prononce ici, plure: avoir une pelure; aller voir sa pelure.
   «Lung une aultre appeloyt ma mie; elle l'appeloyt ma croute... L'ung une aultre nommoyt ma mitaine, elle le nommoyt mon gant. L'ung une aultre nommoyt sa couane, elle l'appeloyt son lard». (Pantagruel).
   En argot, une pelure est une capote, une redingote.
   Nous donnons à ce mot tous les au-




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.