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PERFECTION (À LA)
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PÉTEUX

   PERFECTION (À la). Faire une chose à la perfection, c'est la faire parfaitement ou, comme l'on dit à l'Académie, en perfection.
   Nous disons aussi: C'est une perfection pour c'est une chose parfaite: un ouvrage exécuté en perfection.

   PÉRIL. (Prononcé péri). L'Académie dit qu'il faut mouiller l[e] l. L'Académie a toujours raison quoiqu'il semble étrange qu'un l seul se mouille. Avant la fondation de l'Académie (1635), les Français de France prononçaient comme nous: «C'est un des plus grands périx qui soit en l'office de bailli que d'estre négligens et poi soigneus de ses contes». (Beaum. I, 10, rapporté par Littré).
   Cet l, qui termine le mot, est un l étymologique, péril étant formé sur periculum, ou plutôt periclum. Péril, avec un l sonore, est livresque; péri est populaire, autrement dit français.

   PERROQUET DE MER. C'est le nom d'un oiseau aquatique du Canada; peut-être l'aponat de Jacques Cartier.

   PERSONNE. Une grande personne est une personne adulte, homme ou femme.

   PERSUADER. Se dit quelquefois pour assurer, certifier: Je vous persuade qu'il avait peur; «Je vous persuète que la jeunesse du sexe ça se pavanait, puis ça se reluquait». (M. BARBEAU, Anecdotes [populaires du Canada, Journal of American Folklore, vol. 33, no 129, 1920]).

   PESANT. Avoir le pesant, c'est avoir le cauchemar. Je crois qu'on a dit pesart, dans le même sens, en France. C'est peut-être le même mot.
   Le temps est pesant: lourd, étouffant de chaleur et d'humidité.

   PESÉE. Se dit quelquefois pour balance.

   PESER. Peser sur quelqu'un, c'est s'appesantir sur lui par des paroles
blessantes, par des allusions injurieuses: C'est sur moi qu'il pèse; Le prêtre a pesé sur vous, dimanche dernier, au prône. Se prend toujours en mauvaise part.
   Peser avait ce sens dans l'ancienne langue: «Advint une aventure dont mult pesa à cels de l'ost». (VILLEHARDOUIN).
   «Vous direz au messeige le sondan que ce vous poise que vous avez faict nulles tréves à li sanz parler à moy». (JOINVILLE); «Ce dont poise moi». (Idem); «Mal vouloir m'a fait user, ce dont ce poise moy». (La Fille du comte de Pontieu); «Co peiset mei que ma fins tant demoret». ([Vie de saint] Alexis); «Au cuer en a grant pesance». (Dolopathos).
   Peser les voiles se dit par les marins pour lever les voiles. Les Anglais ont: to weigh anchor, littéralement, peser l'ancre.

   PET. Le t sonne. Bruit quelconque, éclat: Ce madrier a fait un pet en tombant.
   Le dicton vulgaire: «Il est maigre comme un pet», s'entend d'une personne tout à fait maigre. C'est un superlatif.

   PÉTER. Craquer, faire entendre un bruit sec: Ce bois est sec; il pète dans le poêle. Pétiller est le fréquentatif de péter: Le bois pétille dans l'âtre.
   Les campagnards, en mettant un baiser bruyant sur la joue de leur blonde, font péter leur bec.
   Fais attention ou je te ferai péter ma main sur la goule.
   «Mareschal, dist ung compaignon... despêchez-vous, car il est le plus grand bruit que vous vites onques; ça nous pettent terriblement; tout crie; tout hue, tout bruit; trompettes sonnent». (Rapporté par La Curne [de Sainte-Palaye]).
   Le sens que nous avons conservé à péter se retrouve aujourd'hui en France, même à l'Académie.

   PÉTEUX. Au figuré, lâche, poltron: Il s'est sauvé comme un péteux.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.