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POITRAL
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POMPER

pour toute espèce de monnaie, papier, or et argent, parce que c'est la monnaie courante.
   «Parmi les paysans canadiens le mot grain est ordinairement pris dans le sens d'avoine». (BARBEAU, [Contes populaires canadiens], Journal of American Folklore, 1917, [vol. 30, no 115], p. 28, note); «Une population de pêcheurs distinguera divers poissons, tandis que des terriens se contenteront souvent d'un seul terme». (DAUZAT).

   POITRAL. Poitrail. Le mot est dans Palsgrave.

   POLIDE. Le nom propre d'Hippolyte fait le plus souvent Polite en Acadie, par aphérèse ou abréviation. Mais j'ai entendu aussi Polide. Le t a tendance à s'adoucir en d quand il passe du latin au français. Spatha a donné espede (en anglais spade) avant de devenir épée; né, du latin natus, s'est dit ned jusqu'au XIIe siècle. Il en est de même du verbe aider, aïder pour les Acadiens, qui vient de adjutare. Tunc a fait donc; cubitus, coude; lacertus, lézard; mercantatem, marchand.

   POMME. Nous avons quelques variétés de pommes (poumes) en Acadie qui ne sont pas connues en France ou le sont sous un nom différent.
   Notre pomme de terre n'est pas celle de France; c'est l'airelle ponctuée. La pomme de terre de France s'appelle ici patate.
   Les Anglais appellent la pomme de terre acadienne wintergreen.
   «Le petit thé des bois des continentaux, la gautherie, se nomme pomme-de-terre aux Îles-Madeleine». (MARIE-VICTORIN).
   Nous avons en plus la pomme de pré, désignée sous le nom d'atoca par les Canadiens et de cranberry par les Anglais.
   Certains auteurs l'appellent myrtille; d'autres, airelles, et d'autres encore, canneberge, et certains, pian de perdrix. Lequel choisir?
   René Bazin (Un village de Savoie),
pour être bien sûr de ne pas faire erreur, l'appelle de deux noms: «La gelée des dernières nuits avait produit ce velours en frappant les feuilles des airelles et des myrtilles».
   De tous ces noms imprécis, je n'en trouve aucun qui soit plus expressif, ni plus joli que notre mot: pomme de pré.
   Il semblerait que le Frère Marie-Victorin ait confondu notre pomme de terre avec notre pomme de pré. Voici ce qu' il écrit: «Petits fruits d'une plante subarctique, l'airelle vigne d'Ida, qu'on appelle dans le bas Saint-Laurent pommes de terre».

   POMON. Poumon. Exemple assez rare d'un ou académique, devenu o en Acadie, où l'on chouse universellement.
   Pomon appartient à l'ancienne langue. On trouve le mot dans Villon: «Car il tenoit entre ses mains / Du foye, du polmon et des trippes».
   Plusieurs autres auteurs anciens ont employé le mot pomon.

   POMONIQUE ou POUMONIQUE. Pulmonique. Pulmonique est livresque, formé savamment au XVIe siècle sur le latin pulmo. C'est presque du latin. Pomonique est naturel à la langue et conforme à son génie, étant formé directement sur pomon (voir ce mot).
   L'expression d'ailleurs appartient à l'ancien français. Saint-Simon l'emploie.
   Le mot a cours chez les Canadiens ainsi que dans plusieurs provinces de France, notamment en Picardie et en Normandie.
   «Eh bien! soufflez, à présent; vous n'êtes pas poumonique». (SAND, [La] Mare au diable).

   POMPER. Pomper quelqu'un, c'est ce qu'en France on appelle «lui tirer les vers du nez». Nous avons aussi cette dernière locution.
   Ce sens particulier du verbe pomper nous vient de l'anglais.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.