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PONCE
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PORTAGE

   PONCE. Enveloppe des intestins. C'est peut-être une altération de panse.
   Une tisane chaude que les mères, surtout les mères canadiennes, font boire à leurs enfants comme remède contre le froid, s'appelle ponce. Cette ponce nous vient de la Perse. On trouvait le mot autrefois, au Dictionnaire de l'Académie, épelé ponche. Il n'y est plus depuis 1835. Punch, le punch anglais l'y a remplacé! Voici ce que l'on trouve dans la dernière édition de l'organe officiel de la langue française: «Punch (on prononce ponche). Sorte de liqueur ordinairement composé de rhum ou de rack ou d'eau de vie, d'infusion de thé, de jus de citron, et de sucre». Ceci est l'oeuvre de garantie des premiers linguistes de France.

   PONCHON. Grosse barrique servant, surtout aux Indes Occidentales, à l'expédition de la mélasse: un ponchon de mélasse. C'est un mot anglais francisé.

   PONDRE. Le participe passé fait pondu en Acadie et pond, au Canada: «Les outardes qui n'ont point encore pond ont bien meilleur goust que les autres». (DENYS, vol. II, p. 301); «Minerve nasquit-elle pas du cerveau par l'oreille de Jupiter? Adonis, par l'escorce d'un arbre de myrrhe? Castor et Pollux, de la coque d'un oeuf pont et esclot par Leda?» (RABELAIS); «... Les oeufs en un nid ponds, en une autre couvée». ([D']AUBIGNÉ).

   PONE. Mot formé sur l'anglais pound, unité monétaire de la valeur d'un louis d'or.
   Après la conquête anglaise, le pound remplaça le louis. Les Acadiens adoptèrent le mot après l'avoir débarbouillé et lui avoir donné un visage français.
   Les vieillards des Îles-Madeleine comptent encore par louis, comme ils mesurent toujours l'indienne à l'aulne.
   PONT. Nous disons qu'il y a pont de glace lorsque la glace est assez forte pour porter piétons et chevaux. Nous avons, ou plutôt nous avions, le pont des pantalons lorsque nos grands-pères portaient des culottes à clapet, mais ils n'en portent plus. Le mot, cependant, est resté à l'Académie.

   PONTAGE. Action de ponter une goélette; le pont lui-même. L'expression s'est étendue aux choses terriennes, et nos fermiers disent le pontage d'une écurie à côté du pavage.

   PONTER. Construire le pont d'un navire ou d'une goélette. L'Académie donne ponté, qu'elle appelle un adjectif, mais ne donne pas le verbe. Le ponter qu'elle donne est un terme de jeu.

   POQUE. Onomatopée. Coup sec et bruyant: Ça fait poque en tombant.
   À un certain jeu d'enfant, on frappe le front en disant: Poque, poque la mailloche.
   Au Canada, le mot se dit, comme en vieux français pour bosse, meurtrissure: Cet enfant s'est fait une grosse poque en tombant.

   PORTAGE. Se dit plus particulièrement de l'opération qui consiste, pour les trappeurs et les coureurs de bois, à transporter d'une rivière à une autre ou à un lac voisin leur canot, leurs agrès et leurs provisions. Aux Îles-Madeleine où il n'y a pas de lac navigable, ni, autant dire, de rivière, on fait un portage lorsque l'on passe d'une lagune à l'autre à gué. Ces mêmes endroits, lorsqu'ils sont couverts de glace, s'appellent l'hiver des portages.
   Dans la vieille langue, le portage était le droit que payaient les colporteurs pour les marchandises qu'ils portaient à leur col ou cou.
   Il y avait aussi le portaige par mer, pour lequel on payait un droit.
   Portage se disait louniguin en micmac.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.