habitants de ce pays donnent au temps, quand il neige et vente beaucoup à la fois». (DIÈREVILLE, p. 44). Je n'ai jamais entendu cette expression, soudrille. Le P[ère] Sagard, missionnaire chez les Sauvages du Canada, parle de poudrin de l'eau. Les Canadiens ont conservé cette expression. À Terre-Neuve, les pêcheurs de France appellent poudrain une pluie glacée, fouettée par un grand vent et qui cingle le visage. Poudrerie et poudrin sont deux mots qui se rapprochent.
POUDREUX. Se dit aussi de la neige fine, soulevée par le vent, de la neige, des poudreries: La neige est poudreuse. Les Canadiens disent, d'une femme qui aime trop à sortir, qu'elle a le pied poudreux. Dans l'ancienne langue, avoir le pied poudreux, c'était s'en aller sans payer. «D'un pied venteux empoudre la carrière». (RONSARD, Sonnet à son livre).
POUGNE ou POGNE. Poigne (voir pogne).
POULAMON. Le Lexique canadien-francais de Québec le définit: petite morue; «La petite morue n'est pas une variété de la morue ordinaire. Ces deux poissons appartiennent bien à la même famille, celle des galidae, mais ils ne sont pas du même genre, La morue est le gadus callarias, L., et la petite morue est le microgadus tomcod. Wall». (HUARD). Gil. l'appelle Microgadus tomcadus, ce qui est exactement la même chose. Lescarbot et Denys, décrivant les choses d'Acadie, appellent ce poisson pounamon. Pour Le Clerc, c'est ponamon. D'où vient le mot poulamon, le seul que nous entendions aujourd'hui? Rand, l'une des plus hautes autorités que nous avons jamais eues en langue micmacque [micmac], assure que c'est un mot indigène. Il le rend en anglais par tomcod.
| |
Le poulamon des Acadiens, la petite morue des Canadiens et le tomcod ou tommycod des Anglais, c'est le même petit poisson, très excellent quand il est mangé frais.
POULINE. Pouliche. L'ancien français avait poulaine et pouline. Poulain et son féminin poulaine ont été formés sur un mot latin populaire pullanus, diminutif de pullus, petit d'un animal. Pouline doit venir, régulièrement, de pullinus, terme hypothétique que je tire, à la manière de Ménage, du vocabulaire de Cicéron. Nous disons rarement poulin sans ajouter petit: un petit poulin, une petite pouline — deux diminutifs. On dit pollin, avec un i, à Limoges, et pollino, avec un i également, en Espagne. Ni poulaine, ni pouline, n'est français aujourd'hui: pouliche est le terme consacré par l'Académie. Par quel procédé morphologique pouliche, forme péjorative, laide en tout cas, est-il arrivé à évincer ses deux concurrents, poulaine et pouline? Favre croit que pouliche vient du celtique pouch. Cela résoudrait la difficulté, mais rien n'est moins prouvé. Des présomptions tout au plus: pouliche est un mot normand, tandis que pouline est provençal. On trouve aussi poutres dans l'ancienne langue: «poutres hennissantes». (RONSARD).
POUMONIQUE. (voir pomonique).
POUOIR. V. et Subst. Pouvoir. L'ancienne langue avait: pooir, poor, poer, podeir, puer, poeir, poir, poueir et pouoir. Nous lisons dans la Chanson de Roland (II, 3): «De cent milliers n'en poent garir dous». Un v intercalaire a fait pouvoir de toutes ces variantes du même mot. Ce v n'est intervenu que pour supprimer l'hiatus: «Je tiens pour moi, nous dit F. Genin, dans ses Récréations philologiques, qu'on a toujours pro-
|