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POURCHAS
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POUSSIÉREUX

marsouyn et marçoyn; Lescarbot, souffleur et N. Denys, poursille.
   On donne porcuspourceau — pour radical à ce mot. Ce qui donne de la vraisemblance à ce radical, c'est qu'on l'appelle herring-hog en anglais et schwein (pourceau) en allemand. La pourcie serait un cochon de mer.

   POURCHAS. Entente, aptitude, habilité dans les affaires: Ce commerçant a du pourchas. Se dit surtout au pays de Québec. L'anglais purchase vient de là.

   POURGALER. Se faire pourgaler pour faire quelque chose, c'est se faire prier longtemps.
   On pourgale une personne en la poursuivant de ses supplications. En Anjou: chasser, poursuivre.

   POURGINÉE. Lignée, progéniture.
   Pourginée, c'est le latin progenies à peine altéré. En tout cas, altéré conformément aux habitudes de la langue qui, de pro-, a fait pour-.
   La vieille langue employait ce mot à côté de progénie, progéniez, progénies, progaine, progeniée, progine, progiene. Nous trouvons progéniture à l'Académie. Le pro- de tous ces mots est livresque. Le peuple, c'est-à-dire les bons, les authentiques faiseurs de mots, disaient pour-.
   Pourginée est familier comme nichée d'enfants, séquelle, kyrielle et, depuis la conquête de l'Algérie, smala. Les Canadiens disent, dans le même sens, une tribu d'enfants et La Fontaine, géniture. Aucun de ces mots ne vaut pourginée, ni pour la qualité, ni pour la forme.
   Ménage, qui ne douta jamais de rien, donne poule pour radical à ce mot: «Pouléginés, dit-il, réunion d'enfants, comparés avec les petits poulets autour de leur mère».

   POURSUIR. Poursuivre. Ce verbe se conjugue régulièrement, à tous ses temps et modes, sur l'infinitif
poursuir: «Et qui eust voulu poursuir, on eust chassé les dits Anglais jusques à la mer». (Bibl[iothèque] de l'École de Chartres, 2e série, t. III, p. 507); «Poursuir son appel». (Lois de Guillaume [le Conquérant]). «Et comment raurais-je ma chose? Je dois poursuir celui qui l'a mosta». (BEAUMANOIR).
   La vieille langue avait poursuir, poursuyr et poursuye, dans un auteur du XVIe siècle.
   L'expression est répandue dans plusieurs provinces de France.

   POUR VOIR. Loc. S'emploie dans ces locutions: Gouttes-y, pour voir, sous-entendu si c'est bon, si c'est mangeable.
   C'est aussi une manière de défi: Répète ce que tu viens de dire, pour voir; «J'y ay trouvé pour voir / Enfin par quoy seres guaris». (DESCHAMPS, [Poèmes, «Le] Miroir de mariage», v. 4014). Il est possible aussi que voir dans toutes ses locutions représente le latin vere et soit mis pour vrai.

   POUSSE. Croissance. «Le grain a une belle pousse». (BARBEAU, Folklore du pays de Québec).
   Le mot est à l'Académie, mais avec un sens légèrement différent.

   POUSSER. Les Canadiens disent absolument pousser pour pousser son cheval, l'inciter à aller plus vite: Le chemin est beau, pousse, cocher.
   Nous disons préférablement: Touche, cocher.
   Il a poussé jusqu'à Shédiac; il s'est rendu jusqu'à Shédiac .

   POUSSI. Petit chat; mot enfantin: Poussi, poussi! Cri pour appeler un chat.

   POUSSIÉREUX. Couvert de poussière. On trouve le mot dans les grands dictionnaires, sauf celui de l'Académie. Espérons qu'il entrera dans l'édition qu'on prépare.




Source : POIRIER, Pascal. Le Glossaire acadien, édition critique établie par Pierre M. Gérin, Moncton, Éditions d'Acadie; Moncton, Centre d'études acadiennes, 1993, 500 p.